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Fonctionnement technique et infrastructures du moulin

Plan de masse du Moulin de Bazoncourt

Plan détaillé des infrastructures hydrauliques et des bâtiments actuels du Moulin.

Le Moulin de Bazoncourt fonctionnait grâce à la force motrice de l'eau de la Nied, canalisée et dirigée vers une roue à aubes, également appelée « tournant ». Cette roue, d'un diamètre de 4,5 mètres, activait un axe vertical en bois qui mettait en mouvement les meules situées à l'intérieur du bâtiment.

Les meules, faites de pierre dure soigneusement sélectionnée (type silex ou quartzite), mesuraient environ 1,50 m de diamètre pour 25 cm d'épaisseur. Elles étaient composées d’une meule dormante (fixe) et d’une meule tournante (mobile). Leur usure était compensée par des opérations de rhabillage, où l'on recreusait les rayons pour assurer une mouture régulière. L’espace entre les deux meules était ajustable, ce qui permettait de déterminer la finesse de la farine. Chaque paire de meules avait sa propre trémie, et les meuniers surveillaient en permanence la régularité du grain pour éviter l’échauffement, qui pouvait altérer la qualité du produit final.

Le mécanisme du moulin

La quantité de grain stockée était de plusieurs tonnes, ce qui nécessitait une solide infrastructure : dans la meunerie, trois poutres de 40 cm de diamètre soutiennent le plancher du grenier. Deux renforts en pierre, larges de deux mètres et hauts de trois à quatre mètres, soutiennent le mur nord-ouest afin de résister aux fortes pressions exercées par les charges de grain. La base de la meunerie est bâtie en granite, avec des murs de 60 cm d'épaisseur, reposant sur des fondations en chêne, selon une technique similaire à celle employée pour la cathédrale de Metz. Dans les années 1950, un ouvrier chargé de la réfection des écluses aurait dû scier une de ces poutres anciennes. Il aurait raconté que la lame devenait bleue tant le bois était dur.

Le moulin possédait également un système de vannes permettant de gérer le débit de l'eau. Lorsqu'il fallait arrêter la roue ou en limiter la vitesse, on pouvaient ouvrir les vannes pour dévier l'eau via un canal de décharge ou un déversoir. Ces dispositifs étaient essentiels pour protéger le mécanisme en cas de crue, et pour garantir un fonctionnement stable même lors des étiages. La Nied ayant un faible débit, les vannes étaient parfois fermées pendant plusieurs jours afin de remplir progressivement le canal. Une fois le niveau suffisant atteint, la vanne de la roue était ouverte, permettant ainsi de moudre pendant plusieurs heures.

Le bâtiment était ainsi conçu pour permettre un flux logique : le grain entrait, montait à l'étage, était traité, tamisé, puis redescendait conditionné. La disposition des pièces, la pente douce du canal d'amenée, les écluses et le déversoir jouaient chacun un rôle technique précis, garantissant la continuité du travail quelles que soient les conditions hydrologiques.

Aquarelle du moulin de Bazoncourt en 1948

Aquarelle 29 mai 1948 par Eugène Burner

Aujourd'hui, si les meules ne tournent plus, les traces du fonctionnement hydraulique sont encore bien visibles : les vannes, les canaux, les plaques de crue, vestiges d'une époque où l'intelligence de l'homme savait s'accorder à la puissance tranquille de la rivière. Aujourd'hui cependant, le canal a tendance à s'envaser et les changements climatiques assèchent cruellement la rivière. Le capteur de niveau d'eau de la station d'Ancerville (A973121001) mesurait en 2022 un niveau 11,6 cm en dessous du zéro théorique, avec un débit moyen journalier de 0.098 m3/s.

Ces meules, faites de pierre dure soigneusement sélectionnée, étaient composées d’une meule dormante (fixe) et d’une meule tournante (mobile). Leur usure était compensée par des opérations de rhabillage, où l'on recreusait les rayons pour assurer une mouture régulière. L’espace entre les deux meules était ajustable, ce qui permettait de déterminer la finesse de la farine. Chaque paire de meules avait sa propre trémie, et les meuniers surveillaient en permanence la régularité du grain pour éviter l’échauffement, qui pouvait altérer la qualité du produit final.

En 1924, la capacité d'écrasement du moulin est évaluée à un quintal par 24 heures, reflétant l'efficacité limitée mais essentielle du moulin pour l'époque.
Aujourd'hui, même avec une roue flambant neuve, voire une turbine moderne, le débit de la Nied ne permettrait plus d'assurer une production régulière durant les mois d'été. De juin à septembre, le manque d'eau rendrait toute tentative de relance énergétique quasiment vaine.

Le moulin, équipé de deux paires de meules en 1861, évolue pour inclure un système hydraulique plus performant au début du XXe siècle, permettant une augmentation de la production jusqu'à sa fermeture après guerre.

Après la Seconde Guerre mondiale, l'ensemble des bâtiments et des vanneries a été réhabilité. Les ponts, autrefois en bois, ont été reconstruits en béton armé. Le parvis, les ponts et les sols du rez-de-chaussée des deux bâtiments principaux ont été rehaussés d'environ 80 cm, d'où la faible hauteur sous plafond actuelle du rez-de-chaussée, probablement pour mieux faire face aux crues de la Nied.

Lors des premiers travaux engagés en 1991, en creusant dans l'actuelle chaufferie, de grandes dalles de pierre d'environ 80 cm sur 50 cm ont été découvertes. Leur disposition laisse penser qu'elles recouvraient autrefois la totalité du sol de l'ancienne meunerie.

L'ancien déversoir, encore visible à proximité du séquoia, a été partiellement détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Le syndicat des Nieds réunies a créé un enrochement à la pointe de l'île et reconstruit un nouveau déversoir légèrement en aval, en l'élargissant pour améliorer l'écoulement des eaux en période de crue. Le niveau de ce nouveau déversoir a été soigneusement recalculé pour s'aligner avec celui de la margelle située sous la petite vanne de l'écluse principale.

Tout le bois des vannes a été remplacé dans les années 2000. La partie basse de la vanne de décharge a fait l'objet d'une rénovation spécifique en 2023, prolongeant ainsi la fonctionnalité et la pérennité de l'ensemble hydraulique.

Schéma de principe d'une roue Poncelet

Schéma de principe d'une roue Poncelet — augets incurvés captant l'eau par le dessous pour un meilleur rendement.

Au fil des siècles, plusieurs types de roues ont été utilisées au moulin. Les dernières en service étaient des roues Poncelet, une innovation du XIXe siècle. Contrairement aux roues classiques, les roues Poncelet étaient conçues pour capter l'eau par le dessous, avec des augets incurvés favorisant un meilleur rendement, même avec des débits modestes. Elles offraient une excellente efficacité pour les rivières au régime irrégulier comme la Nied.

La toute dernière roue en activité possédait une ossature métallique. Elle a été démontée dans les années 1950, marquant la fin de l'activité meunière traditionnelle sur le site.

La banalité des moulins dans le contexte féodal

Droit féodal

Le concept de banalité des moulins, issu du droit féodal, stipulait que les habitants d'une seigneurie étaient obligés d'utiliser exclusivement le moulin banal du seigneur pour moudre leur grain. Cette obligation s'accompagnait souvent de taxes ou de redevances et était une source significative de revenu pour les seigneurs.
Historiquement, la banalité était justifiée par les investissements significatifs du seigneur dans la construction et l'entretien des moulins. En retour, les habitants étaient tenus de faire moudre leur grain au moulin seigneurial, sous peine d'amendes. Initialement, cette règle visait à assurer une gestion centralisée et efficace des ressources en eau et des équipements de mouture.

Des édits royaux en France, tels que ceux de 1571 et 1616, ont renforcé cette exclusivité en interdisant la construction de moulins privés. Toutefois, face à l'insuffisance des moulins banaux et à la croissance démographique, des assouplissements ont été observés. Les particuliers pouvaient désormais établir leurs propres moulins, moyennant le paiement d'une redevance, ce qui marquait un relâchement progressif du contrôle seigneurial sur cette ressource vitale.

Droit féodal

Au fil du temps, les limitations des moulins banaux devenaient de plus en plus apparentes. Les moulins étaient souvent éloignés, difficiles d'accès, surtout en hiver, et pouvaient être insuffisants pour couvrir les besoins de tous les habitants, surtout durant les périodes de sécheresse où les moulins manquaient d'eau pour fonctionner efficacement. Cette situation conduisait parfois les habitants à se tourner vers d'autres moulins, où ils subissaient des prix exorbitants.

La banalité des moulins, bien qu'utile durant le Moyen Âge pour réguler l'utilisation des ressources, est devenue un sujet de mécontentement au fur et à mesure que la société évoluait vers moins de contraintes féodales. Les tensions entre les obligations seigneuriales et les besoins des communautés rurales illustrent la complexité des relations sociales et économiques dans la France pré-révolutionnaire.

La banalité des moulins est un exemple de la manière dont les structures de pouvoir historiques régulaient les activités économiques et impactaient la vie quotidienne. Avec le temps, les pressions économiques et démographiques ont poussé à des réformes, reflétant le passage d'une société régulée par des privilèges féodaux à une organisation plus flexible et adaptée aux réalités économiques.

Plans et dessins des travaux prévus en 1950

Plan de masse

Bâtiment 1 - habitation du meunier

Couverture en tuiles ; Installation de fenêtres ; Rénovation de murs intérieurs ; Création de nouvelles cloisons ; Réalisation de planchers en sapin ; Enduit de ciment sur les murs extérieurs ; Installation de portes en bois ; Travaux de plomberie et d'électricité ; Installation de systèmes de chauffage ; Rénovation de la façade principale ; Installation de volets neufs ; Rénovation du toit avec des tuiles en céramique

Bâtiment 2 - Ex meunerie convertie en habitation

Réfectionnement de couverture en tuiles mécaniques ; Remplacement de faîtage en film de CP ML ; Remplacement de tuiles mécaniques complètes sur lattis ; Démolition de tuiles mécaniques existantes ; Remplacement de chevrons en sapin 8/8 ML ; Remplacement de planches de volée en sapin brut de 27 ; Étaiement en sapin pour maçonnerie ; Démolition et remplacement de maçonnerie de moellons ; Enduit de ciment sur maçonnerie neuve ; Raccordement d'enduits de ciment sur murs anciens ; Remplacement de portes pleines en sapin ; Peinture - 3 couches sur bois neuf ; Vitrerie - Remplacement de demi-double vitrage ; Pose de plinthes en sapin et lames de plancher en chêne ; Démolition et remplacement de plafonds en plâtre ; Pose d'enduit de ciment sur murs extérieurs ; Remplacement de fenêtres en chêne avec petits bois et pose de jets d'eau ; Démolition et remplacement de lambourdes en chêne ; Transport des décombres en benne

Bâtiment 3 - Ecurie

Maçonnerie : démolition des éléments extérieurs ; Dimensions : 2 x 10.30 x 3.60 x 0.40 = 29.664 m³ ; Dimensions : 2 x 3.60 + 5.10 x 6.30 x 0.40 = 21.924 m³ ; Contre-fort intérieur : 1.40 x 1.50 x 2.00 = 2.100 m³ ; Autre intérieur : 3.00 x 2.10 x 0.40 = 2.520 m³ ; Déduction : 1 x 1.00 x 1.90 x 0.40 = 0.760 m³ ; Maçonnerie de remplissage en C.P. à 2 parements ; Dimensions : 2 x 10.30 x 3.60 x 0.40 = 29.664 m³ ; Dimensions : 2 x 3.60 + 5.10 x 6.30 x 0.40 = 21.924 m³ ; Déduire : 1.40 x 1.50 x 2.00 = 2.100 m³ ; Enduit de ciment sur murs neufs ; Dimensions : 2 x 9.50 x 3.60 = 68.40 m² ; Dimensions : 2 x (3.60 + 5.10) x 6.30 = 54.81 m² ; Échafaudage sur treteaux au m² de plancher ; Extérieur : 2 x 8.00 x 1.20 = 19.20 m² ; Intérieur : 2 x 6.30 x 1.20 = 15.12 m² ; Démolition de murs en maçonnerie ; Dimensions : 0.40 x 0.50 x 6.10 = 1.22 m³ ; Démolition et remplacement de pannes et poteaux ; Dimensions poteaux : 1 x 2.80 x 0.20 x 0.20 = 0.112 m³ ; Planchers sapin brut 27 rainé : 6.30 x 9.50 = 59.85 m² ; Démolition de couverture en tuiles mécaniques ; Dimensions : 2 x 4.70 x 10.30 = 96.82 m² ; Fourniture et pose de fenêtre en simple vitrage ; Remplacement de porte en bois massif sapin : 0.90 x 1.90 = 1.71 m² ; Assemblage et remplacement de charpentes sapin

Bâtiment 4 - hangar

Démolition des murs extérieurs ; Reconstruction de la charpente ; Installation de nouvelles fenêtres ; Rénovation du rez-de-chaussée ; Peinture intérieure et extérieure ; Installation du système électrique ; Réaménagement de l'étage ; Remplacement du toit ; Aménagement des espaces verts ; Installation de la plomberie

Garage

Pont

Ecluses