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Histoire Contemporaine du Moulin de Bazoncourt

L'époque contemporaine (1818-aujourd'hui)

L'époque contemporaine du Moulin de Bazoncourt s'étend sur plus de deux siècles, depuis les bouleversements post-révolutionnaires jusqu'à nos jours. Cette période se caractérise par la fin du système seigneurial, l'industrialisation progressive, les transformations liées aux guerres mondiales, la fin de l'activité meunière traditionnelle et la reconversion du site en habitation privée. Elle témoigne de l'adaptation constante du moulin aux mutations économiques, sociales et technologiques de la société moderne, tout en préservant l'essence de son patrimoine historique et architectural.

Liste des propriétaires et meuniers - Époque contemporaine
1791 - 1820 : ??
1820 - 1857 : Jean BOUVIN - Chiller
1857 - 1893 : Francois POINSIGNON
1857 - 1863 : meunier Léon RESVE
1880 - 1895 : François RAPP
1895 - 1930 : Michel Felix RAPP
1930 - 1945 : ??
1945 - 1965 : Victor VIOT
1965 - 1988 : CB
1988 - 1990 : FM
1990 - 1991 : J & NM
1991 - : SM & DC
1992 - : CA & LC

1818 : Annonce - le Moulin est à vendre

Le lundi 10 mai 1818 à 11 heures du matin, une vente sera organisée par Me. Piguard, notaire à Courcelles-Chaussy. À l'ordre du jour, la cession du moulin de Bazoncourt, un établissement réputé pour son emplacement optimal qui lui permet de fonctionner en toutes saisons. Le moulin est proposé avec environ 5 hectares 26 ares de prairies attenantes. Cette vente offrira toutes les facilités requises pour les intéressés. Pour en savoir plus sur les modalités de cette vente, veuillez contacter l'office de Me. Piguard.
Sources : Affiches, Annonces et Avis divers de la Ville de Metz 25 avril 1818.

1844 : Crue exceptionnelle

Plaque de crue 1844

Plaque de crue de 1844.

La crue du 28 février 1844 est une crue de saison froide, a priori d'origine pluviale. Les pluies se sont abattues fortement et sur plusieurs jours. L'épisode est décrit comme "extraordinaire" et sert de référence historique du XIXᵉ siècle dans la région. Cependant, les archives sont lacunaires : peu de données chiffrées sur les débits, hauteurs d'eau ou dégâts locaux sont disponibles
Extrait : "Moulin de Bazoncourt. Plaque en fonte des hautes eaux de 1844, face de droite du bâtiment du moulin . Hauteur d'eau : 219,8 mètres."

Sources : statistique_du_departement_de_la_moselle.pdf page 115 Ce livre fournit une analyse détaillée du département de la Moselle, couvrant divers aspects tels que la géographie, la démographie, l'agriculture, l'industrie, et les infrastructures. Il sert à documenter l'état de développement de la Moselle au milieu du XIXe siècle, notamment en ce qui concerne les cours d'eau, les routes, les villes et les activités économiques. Des détails sont également donnés sur les rivières et les cours d'eau qui jouent un rôle important dans le développement local.

1844 : Action en justice de Charles Hennequin contre les modifications au Moulin

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

Meunier - locataire : M. Chiller

Vers 1844, le Moulin de Bazoncourt est acquis par Jean Bouvin, un événement marquant une période de changements substantiels dans la gestion et l'exploitation du site. Jean Bouvin, né le 10 novembre 1785 à Marly et décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt, a été une figure clé dans le développement du moulin. Il était marié à Elisabeth GRIMAR, née en 1792 et décédée à l'âge de 78 ans 2 ans après son mari.

Charles Hennequin, meunier, porte plainte contre Jean Bouvin pour nuisances causées par l'ajout d'un deuxième tournant au moulin, affectant la production de farine d'un moulin voisin.

18 septembre 1844
Plainte du Citoyen Charles Hennequin (né en 1777) meunier au moulin de Sanry sur Nied contre Jean Bouvin.
Le sieur Bouvin propriétaire du Moulin de Bazoncourt a fait construire depuis quelques temps insensiblement un deuxième tournant à son usine, et cela sans doute sans autorisation de l'autorité administrative. Ce deuxième tournant nuit singulièrement à mon moulin qui est immédiatement inférieur; parce que notamment le Sieur Bouvin ou son locataire le Sieur Chiller fait très souvent fonctionner en même temps les deux tournants et alors l'eau arrivant en grande quantité à mon moulin qui n'a qu'un seul tournant passe en partie en pure perte sur mon déversoir.
Dans cette circonstance, j'ai honneur de vous prier Monsieur le Préfet de bien vouloir faire vérifier par un v..yer si réellement le Sieur Bouvin a établi un deuxième tournant à son usine et si par ce moyen il peut nuire dans certains cas tant au propriétés riveraines qu'à la mienne et d'ordonner alors sa destruction.
J'ai l'honneur d'être avec respect Monsieur le Préfet votre très humble et obéissant serviteur Charles Hennequin.

1848 : Procès verbal de visite des lieux.

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

Le 24 mai 1848, un procès-verbal est rédigé lors d'une visite des lieux concernant une demande de Jean Bouvin pour maintenir le niveau actuel de l'eau près de son moulin. Les propriétaires riverains, présents, déclarent qu'une digue de 80 cm de hauteur sur la rive droite ne causerait aucun préjudice à leurs prairies. Cette digue est liée à la construction du chemin de fer Metz-Sarrebruck. Un repère provisoire est établi sur une marche donnant sur la rivière.

24 mai 1848
Procès verbal de visite des lieux.
Etaient présents : Boulanger ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, Jean Masson Maire de Bazoncourt et propriétaire riverain, le citoyen Jean Bouvin propriétaire du moulin et le citoyen François Nicolas Noirel-Manquin fermier des h... osier de metz et François Rose Beauvoir fermier du citoyen De Courten propriétaire riverain.
Jean Bouvin demande à être autorisé à maintenir le niveau actuel de l'eau. Les propriétaires riverains déclarent que cette hauteur ne porterait aucun préjudice (à leur prairie), s'il était établi une digue d'environ 80 cm de hauteur sur la rive droite du niveau lit ouvert à la rivière par suite de la construction du chemin de fer de Metz Sarrebruck.
Le ... saillant de la surface d'une marche décrochée donnant sur la rivière immédiatement en amont des ponts sur la rive droite a été indiqué pour repère provisoire.

1849 : Noyade près du moulin de Bazoncourt

Noyade près du moulin

Le mercredi 21 février 1849, un jeune homme de Vaucremont, en allant à Lemud et passant près du moulin de Bazoncourt, est tombé dans la Nied et s'est noyé le mercredi des Cendres. Le samedi suivant, son corps n'avait toujours pas été retrouvé et les recherches continuaient.
Echo du pays Messin, 1er mars 1849 - page 3.

1850 : Décret n° 3267. Jean Bouvin peut maintenir son activité au moulin.

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

Le moulin de Bazoncourt est mentionné dans le fichier lié au sieur Bouvin, qui en est le propriétaire. Le document fait référence à un décret républicain impliquant des droits ou des actions administratives en rapport avec le moulin. Il s'agit probablement d'une affaire de régulation, de concession ou de transaction liée aux activités de ce moulin. "autorisent le sieur Bouvin, à conserver son moulin, commune de Bazoncourt (Moselle);
Décret n° 3267 contre-signés par le ministre des travaux publics.

1850 : Première tentative de vente par Jean Bouvin.

Moulin de Bazoncourt à vendre ou à loueri

Jean Bouvin souhaite vendre ou louer le Moulin. Il dispose depuis 1847 de deux roues (tournants).
Courrier de la Moselle du 19 mars 1850.

1852 : Vente aux enchères du Moulin de Bazoncourt et dépendances

le samedi 2 octobre, à midi, en l'étude et par le ministère de Me Berga, Notaire à Metz, il sera procédé à la vente par adjudication d'un MOULIN À FARINE, jardin et prés en dépendant, situé sur la Nied française, territoire de Bazoncourt, canton de Pange, et d'une Maison de ferme, située au village de Bazoncourt.
Echo du pays Messin, 26 septembre 1852.

1854 : Procès-verbal de recoltement de travaux.

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

le 23 octobre 1851
Procès-verbal vérifie que les travaux ont été correctement exécutés. Texte à transcrire..... doc. archives

1854 : Troisième tentative de vente par Jean Bouvin.

Moulin de Bazoncourt à vendre

Après deux ventes sans succès, Jean Bouvin tente pour la troisième fois de vendre la propriété. Il met en avant la situation du moulin près de la route départementale et de la voie ferrée, ainsi que les 2,70 hectares de prés qui y sont rattachés, pour un revenu annuel annoncé de 1 100 francs.
La vente est confiée à Me Berga, notaire à Metz.
Courrier de la Moselle du 25 juillet 1854 - page 4

1856 : Procès-verbal de recoltement de travaux suite

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

le 8 mars 1856
Envoi du procès-verbal ... Texte à transcrire..... doc. archives

1857

Propriétaire de 1857 à 1893 : Francois POINSIGNON (né le 22 août 1814 à Créhange, décédé le 7 avril 1901 à Rémilly)
Épouse Barbe BAUDELET (née le 7 juin 1816 à Delme, décédée le 4 mars 1896 à Rémilly)

Meunier de ~1857 à 1863 : Léon RESVE (2 février 1828 à Meulan en Île-De-France - 2 décembre 1863 à Bazoncourt)

Épouse : Eulalie Alexandrine MONTALAND (16 janv. 1822 à Le Mesnil-Amelot - 21 avr. 1871 à Meaux)

Le nouveau propriétaire fait différentes modifications à son usine, qui est estimée à 20 000 francs en 1960.
D'après l'acte de décès de Léon RESVE, il était le voisin de François Poinsignon

1861 : Plainte du maire M. Masson à l'encontre de F. Poinsignon

Propriétaire de 1857 à 1893 : Francois POINSIGNON (né le 22 août 1814 à Créhange, décédé le 7 avril 1901 à Rémilly)
Épouse Barbe BAUDELET (née le 7 juin 1816 à Delme, décédée le 4 mars 1896 à Rémilly)

Meunier de ~1857 à 1863 : Léon RESVE (2 février 1828 à Meulan en Île-De-France - 2 décembre 1863 à Bazoncourt)

Épouse : Eulalie Alexandrine MONTALAND (16 janv. 1822 à Le Mesnil-Amelot - 21 avr. 1871 à Meaux)

Copie d'une plainte envoyée par le maire de Bazoncourt au préfet de la Moselle en date du 31 octobre 1861. Cette plainte concerne les dommages causés par un remblai en terre construit par François Poinsignon, propriétaire du moulin de Bazoncourt. Ce remblai, d'une hauteur de soixante centimètres et s'étendant sur plus de deux cents mètres, a été érigé pour protéger un chemin menant du moulin au village de Lemud contre les crues de la rivière Nied. Cependant, le maire craint que ce remblai ne cause un débordement des eaux sur les prés de Bazoncourt, particulièrement en période de récolte, provoquant des dégâts. Il demande au préfet d'examiner la légalité des travaux et, si nécessaire, d'exiger la suppression du remblai pour restaurer l'ancien niveau du bord de la rivière.
ADM 16 AL 360 - dossier 1 (5 Mo)

1861 : Jean REMY est meunier

Meunier de 1861 à ? : Jean REMY (né le 1820 à Ancervile, décédé le ?)

Jean REMY, meunier, est témoin lors du décès de 2 des fils de François POINSIGNON

1864 : Enchères au Moulin après le décès du propriétaire Léon Resve

Propriétaire de 1857 à 1893 : Francois POINSIGNON (né le 22 août 1814 à Créhange, décédé le 7 avril 1901 à Rémilly)
Épouse Barbe BAUDELET (née le 7 juin 1816 à Delme, décédée le 4 mars 1896 à Rémilly)

Meunier de ~1857 à 1863 : Léon RESVE (2 février 1828 à Meulan en Île-De-France - 2 décembre 1863 à Bazoncourt)

Épouse : Eulalie Alexandrine MONTALAND (16 janv. 1822 à Le Mesnil-Amelot - 21 avr. 1871 à Meaux)

Vente train de meunier

D'après son acte de décès, Léon RESVE qui exerçait le métier de marchand grainetier était le voisin de François Poinsignon qui lui était rentier et propriétaire d'un moulin à Sainte Croix en 1860. Suite au décès de son marie, Eulalie Alexandrine MONTALAND fait appel à Maitre Petitmangin, huissier à Rémilly, pour vendre l'ensemble du matériel de la meunerie. Celui-ci passe une annonce le 14 février 1864 dans le "Moniteur de Moselle". E. MONTALAND quittera la région pour la Seine-et-Marne dont elle est originaire.

Etude de Me Joseph Petitmangin, huissier à Rémilly.
VENTE D'UN TRAIN DE MEUNIER pour cause de cessation définitive d'exploitation.

Au moulin de Bazoncourt, canton de Pange. Jeudi prochain 18 février 1864, à onze heures du matin, au moulin de Bazoncourt, il sera, par le ministère de J. Petitmangin, huissier à Rémilly, procédé à la vente aux enchères publiques du train de meunier et autres objets mobiliers appartenant à Mme veuve Léon Resve, meunière audit lieu, consistant en :
Quatre forts chevaux de trait, parmi lesquels deux juments pleines, deux porcs à la graisse, deux autres porcs maigres,, deux voilures à jantes larges, deux autres voitures à jantes étroites, un tombereau, une charrue, herses, harnais, chaînes, échelles, balances, bignions, deux bascules dites Romaines avec leurs poids, batterie de cuisine, bois de lit, tables, chaises, bois de chauffage, fourneau avec ses marmites ; 5 000 kilogrammes de foin, 2 000 kilogrammes de regain, blé, avoine, orge, pois, ferveroles, sacs à farine et autres objets dépendant d'un train de meunier.
A crédit, jusqu'au 11 novembre 1864, pour les personnes connues et solvables.

Moniteur de la Moselle - 14 février 1864

1880 : Demande de réfection du déversoir par François RAPP

Propriétaire de 1857 à 1893 : Francois POINSIGNON (né le 22 août 1814 à Créhange, décédé le 7 avril 1901 à Rémilly)
Épouse Barbe BAUDELET (née le 7 juin 1816 à Delme, décédée le 4 mars 1896 à Rémilly)

Meunier de 1880 à 1895 : François RAPP

Léon RESVE étant mort en 1863, François RAPP lui a certainement succédé après 1864, mais sans certitude. Son nom apparaît pour la première fois le 23 juin 1880 pour la réparation du couronnement de pierre du déversoir. Le même jour, une autre demande est faite pour rétablir les écluses. Il semblerait qu'à cette époque, une écluse était présente au niveau du déversoir, probablement pour réguler le niveau.

Croquis côté des écluses en 1880

Croquis côté des écluses en 1880

Ce document est un croquis technique annoté, réalisé par un ingénieur ou un technicien hydraulique. Il représente une structure d'écluse liée à la régulation de l'eau au niveau.
Les annotations rédigées à la main autour du schéma donnent des indications précieuses sur la fonction du dispositif. En haut à gauche, on peut lire une note indiquant qu'il s'agit du profil droit de l'écluse mesuré au niveau de l'eau à 2,205 mètres. À droite du schéma, une mention signale l'ajout récent d'une troisième planche de vanne, d'une hauteur de 1,75 mètre. En bas du document, une phrase indique que l'ordonnance ministérielle de juillet 1844 avait fixé un niveau réglementaire à 2,198 mètres. Une autre note datée du 19 juillet 1880 précise que le niveau observé ce jour-là était de 2,197 mètres, soit 8,3 centimètres en dessous du seuil attendu. Ces éléments montrent que le document constitue un relevé de contrôle destiné à vérifier la conformité des installations hydrauliques à la réglementation en vigueur, notamment en matière de hauteur d'eau et d'entretien des planches de retenue.

Plan de masse du projet de d'écluses

Le 16 septembre, il est autorisé à effectuer les réparations dans la mesure où elles n'affectent pas le "régime" d'eau. Il doit respecter le décret réglementaire du 18 mai 1850, prévoyant une longueur libre de 10 mètres. La hauteur de la retenue sera déterminée par le point zéro du repère définitif placé à 83 cm en contrebas de la plaque en fonte sur la face nord du bâtiment, indiquant le niveau de crue du 28 février 1844.

La hauteur réglementaire des ouvrages hydrauliques est ainsi fixée :

  • Repère provisoire, niveau des hautes eaux (année 1844) : 10,00
  • Point zéro du repère définitif du moulin : 9,17
  • Couronnement du déversoir : 9,17

Les travaux doivent être exécutés dans les 6 mois. Les travaux n'ayant pas été effectués en août 1881, un délai supplémentaire de 6 semaines est accordé.
ADM 16 AL 3564 - Moulins_et_usines (5 Mo) - ADM 16 AL 360 - dossier 1 (5 Mo)

1881 : Le moulin et la foudre : quand Jupiter fait tourner la roue du destin

Foudre au moulin de Sanry - 1881

Un violent orage s'abat sur la vallée, frappant de plein fouet le Moulin de Sanry. François Rapp, meunier au Moulin de Bazoncourt, voit débarquer trois travailleurs cherchant un abri, paniqués par l'orage. Pour les rassurer, il leur propose une bouteille de vin, que tout le monde accepte avec soulagement. Mais alors que François s'apprête à servir, la foudre frappe à nouveau, traversant le moulin de part en part. La bouteille se renverse, le cabri du moulin est foudroyé sur place, et les quatre hommes se retrouvent à terre, tremblants de frayeur. La foudre, elle, semble même leur avoir coiffé les cheveux "à l'électrique" et laissé tout le monde hébété. Finalement, plus de vin, un cabri grillé et une nuit de panique... il ne restait plus qu'à attendre que l'orage s'éloigne, le tout dans une odeur de soufre et de fumée.

METZ. - On écrit des bords de la Nied à la Gazette de Lorraine :

Mercredi soir, le verdoyant vallon qui sépare Sanry-sur-Nied de Bazoncourt se trouvait en plein sous l'empire de Jupiter tonnant. C'était comme un champ de bataille atmosphérique. Plusieurs nuages rapprochés se heurtaient violemment l'un contre l'autre. Des éclairs incessants, à jets rapides et brisés, fendaient les nues ; et le tonnerre, y mêlant son jeu, donnait coup sur coup, à travers un roulement sans relâche, des éclats de sa voix foudroyante. On s'attendait à un désastre d'orage ou de grêle. Il n'en fut presque rien. Mais la foudre, en tombant en plein sur des frênes voisins, laissa sur plusieurs points des traces effrayantes et capricieuses de son souffle endiablé. À l'entrée de Bazoncourt, par la route de Nauzemont, à deux pas de la maison Schang, épicier, qui en frémit encore, la foudre fendit et déchira net, avec un fracas épouvantable, un énorme peuplier dont il éparpilla au loin les mille éclats, pour s'engouffrer ensuite dans un trou béant à ses pieds. On apprenait, en même temps, qu'un accident analogue venait d'avoir lieu sur la guérite du passage à niveau du chemin de fer, à Sanry, où se trouvaient alors réfugiés le gardien Georges et deux terrassiers. Ces pauvres diables, en effet, s'affaissant sous la secousse électrique, se croyaient foudroyés, perdus sans retour. Heureusement, le fluide s'était accroché au fil télégraphique, qu'il mit en grande vibration et qu'il suivit, prenant, paraît-il, la direction de Berlin.

Mais la scène, à coup sûr, la plus émouvante, se passa au moulin de Sanry. Là , fuyant le sinistre, trois piocheurs de pommes de terre étaient accourus chercher un abri. Le bon meunier Rapp, pour les raffermir, leur proposa tout de suite une bouteille de vin, ce qui fut accepté naturellement. Rapp tenait en main la dive bouteille et s'apprêtait à verser, lorsque, soudain, secoué par une commotion irrésistible, il tomba à la renverse, et un craquement épouvantable ébranla toute la maison. C'était à n'y plus tenir. La meunière et les trois camarades tombent à genoux, tout prêts à réciter leur dernier Confiteor. La foudre venait de traverser, de part en part, le moulin, sans y occasionner toutefois d'autre malheur que la perte d'un cabri, étendu mort et les poils tout grillés. Le meunier avait fini par se relever sain et sauf, mais plus mort que vif. La bouteille avait disparu comme la foudre, mais alors personne n'avait plus soif. Le calme s'étant un peu rétabli dans les têtes et au firmament, on s'aperçut, à travers une forte odeur de soufre brûlé et d'une épaisse fumée bleuâtre, que trois arbres énormes, plantés à l'angle du moulin, n'offraient plus que des cadavres dénudés de leur chevelure, déchirés en mille éclats lancés tout autour et moulus comme de la charpie.

Gebweiler Kreisblatt / Journal de l'arrondissement de Guebwiller - 19 juin 1881

1883 : Incendie à Lemud : la maison de M. Sibille détruite malgré l'aide des villages voisins

Article incendie

Dans la nuit du 3 mars, un incendie a ravagé la maison de M. Auguste Sibille, charron à Lemud. Malgré l'intervention rapide des pompes de Lemud et de Bazoncourt, attisées par le vent, la paille et les vieux bois, les flammes ont tout détruit. L'assurance, faible, ne couvrira qu'une partie des pertes. Les habitants de plusieurs communes voisines, dont Ancerville, Aube et Sanry-sur-Nied, sont venus prêter main-forte malgré le froid intense.

Gazette de Lorraine - mercredi 7 amrs 1883 - page 3

1884 : Deux tragédies sur la Nied : noyade accidentelle d'une enfant et suicide du meunier de Sanry.

Noyade accidentelle de Victorine Kervelle

Le jeudi 26 juin 1884, deux drames se sont déroulés presque coup sur coup sur les bords de la Nied, à proximité des moulins de Bazoncourt et de Sanry-sur-Nied.
En début de soirée, près du moulin de Bazoncourt, des enfants appellent à l'aide : leur sœur, Victorine Kervelle, 10 ans, fille du garde-barrière, vient de tomber à l'eau en lavant du linge sur une planche instable. Malgré l'intervention rapide de Félix Rap, fils du meunier, muni d'un croc et d'un filet, la fillette est repêchée sans vie.
Peu après, au moulin de Sanry-sur-Nied, Jean Rap, meunier et frère aîné de Félix, se jette volontairement dans la rivière, échappant aux tentatives de sa femme et de ses domestiques pour le retenir. L'article attribue ce geste au fléau de l'alcoolisme, décrivant ses effets destructeurs et plaidant pour des mesures de limitation de sa consommation.

Gazette de Lorraine - page 2 - vendredi 30 juin 1884

1885 : Informations démographiques, y compris des détails sur la population résidente.

données démographiques du Moulin de Bazoncourt en 1885

Le 1er décembre 1885, le Moulin est mentionné sous le nom de "Moulin-de-Bazoncourt, dans le canton de Pange, dans le Landkreis Metz (région administrative de Metz). Le tableau présente des informations démographiques du 1er décembre 1885 et recense 7 personnes de confession catholique dont 4 hommes et 3 femmes. Francois POINSIGNON, son épouse Barbe BAUDELET, François RAPP, son épouse Catherine BOHN et leurs enfants.

Das 1885-ortschafts_verzeichniss_von_elsass-othringen - page 121

1885—1886 : Conflit sur le rehaussement du chemin.

François Poinsignon, entreprend des travaux de surélévation du chemin reliant Lemud au moulin. Ces travaux obstruent un exutoire essentiel au débordement des eaux de crue de la Nied, situé à proximité de la rampe ferroviaire. Cela provoque une augmentation du risque d'inondation des prairies situées en contrebas, sur l'autre rive.

Décision du 26 octobre 1885

  1. Franz Poinsignon doit rétablir l'état initial du chemin dans un délai d'un mois ou solliciter une autorisation officielle de surélévation.
  2. En l'absence de demande, un procès-verbal sera dressé par l'ingénieur en présence des autorités locales, et la digue sera détruite aux frais du contrevenant.
  3. La mise en œuvre est confiée au directeur de district, à l'ingénieur en chef des eaux et forêts de Metz, et au maire de Bazoncourt.

Signé à Metz, le 26 octobre 1885 Le Président de district : S.V. (n° II 4538) Exécution et conformité (mai 1886)

Le 6 mai 1886, un procès-verbal est établi à Bazoncourt. Il y est constaté que Franz Poinsignon a bien rétabli l'état antérieur du chemin.

Le document est signé par : Le maire de Bazoncourt : Gandar et l'inspecteur des prairies
Le 10 mai 1886, le directeur des améliorations rurales (Freiherr von Richthofen) propose l'approbation. Celle-ci est validée le 13 mai 1886 par le président de Lorraine Hasse.

Ce dossier illustre l'impact local des décisions hydrauliques liées à l'activité meunière, les tensions entre droit d'usage privé et régulation publique des crues, ainsi que l'autorité administrative exercée au niveau départemental dans l'Alsace-Moselle allemande de la fin du XIXe siècle.

ADM 16 AL 568 - réhaussement du chemin - 1885

1888 : Les déboires du Moulin de Bazoncourt à travers des enchères historiques

Le 24 avril 1888 marque une vente aux enchères significative pour la région de Rollingen (Rémilly), mettant en évidence les difficultés financières et les transitions de propriété locales. À cette date, sous l'autorité d'une ordonnance d'exécution forcée émise par le tribunal cantonal de Metz, une propriété comprenant une maison et des terrains agricoles fut mise en vente. Cette procédure légale faisait suite à des dettes non réglées par les héritiers de Marguerite Lambert et souligne la rigueur des procédures judiciaires de l'époque pour récupérer les créances.
Parmi les débiteurs se trouvait François Lecomte, employé comme domestique au Moulin de Bazoncourt, démontrant ainsi que les difficultés économiques ne touchaient pas seulement les propriétaires terriens mais également les travailleurs locaux. La vente aux enchères concernait également d'autres terrains dans le ban de Rollingen (Rémilly), indiquant que les impacts financiers s'étendaient au-delà des individus pour toucher également les structures agricoles de la région.
Cette période met en lumière non seulement les pratiques économiques de la fin du XIXe siècle mais aussi le rôle crucial du Moulin de Bazoncourt dans la vie de ses employés et dans l'économie locale, soulignant sa fonction centrale dans la communauté bien au-delà de la meunerie
Gazette de Lorraine - page 4 - vendredi 6 avril 1888

1894 : Réclamation pour dommages causés par le passage de troupes militaires.

Meunier de 1880 à 1895 : François RAPP

François Rapp, meunier à Bazoncourt, écrit pour signaler les dégâts causés à son moulin par les passages fréquents de troupes militaires sur les chemins et ponts autour de son domaine. Malgré des réparations régulières de sa part, les dommages augmentent chaque année, et il n'a reçu qu'une indemnité insuffisante de 180 francs. Il craint de devoir fermer son moulin si la situation persiste et demande l'intervention de l'administration pour restaurer les rives et assurer le passage sécurisé des troupes. Il espère une solution juste et durable.

Bazoncourt, le 11 septembre 1894
À Monsieur le Président de la Lorraine de Metz.
Monsieur le Président,
Le soussigné, Rapp François, meunier au moulin de Bazoncourt, prend la respectueuse liberté de vous exposer que, d'après un arrêté présidentiel en date du 5 août dernier, dont il ressort que le soussigné devrait enlever dans un délai de quatre semaines les terres qu'il aurait mises pour le redressement du chemin et de la rive gauche en amont du moulin de Bazoncourt.
Or, ce petit redressement, qui était du reste de nulle valeur, a été enlevé de suite au printemps dernier, lors d'une première réquisition de l'administration, et le terrain remis dans son état primitif. De sorte que la rive droite de la Nied se trouve actuellement plus haute que la rive gauche en question.
Maintenant, il est impossible d'abaisser encore une fois cette rive gauche ainsi que le chemin longeant la Nied française, sans occasionner au soussigné de très grandes pertes.
Chaque année, les hautes eaux dégradent le chemin et creusent des trous profonds dans les rives de la Nied.
Or, si l'administration supérieure défend l'entretien du chemin ainsi que de remplir les excavations causées par les eaux dans la digue de la rive, le soussigné ne pourra plus passer avec ses voitures, et il serait obligé de fermer son moulin.
Tous les ans, pendant les grandes manœuvres, les troupes passent et repassent, et par ce chemin particulier, parfois six fois pendant la journée, avec de lourds voitures, berceaux et canons d'occasionnant au soussigné de grandes pertes, surtout aux quatre ponts en bois de son moulin. L'an dernier, le soussigné a réparé le pont en bois et a coûté 400 francs. Cette année, le petit pont a été totalement broyé par les passages de l'artillerie des troupes, et il va falloir le remettre à neuf, ce qui occasionnera encore une dépense d'environ 250 francs. D'un autre côté, le soussigné est sérieusement menacé de dommage par ces passages. S'il ne peut demander à restaurer, les troupes ne pourront plus passer sans qu'il y aurait de grandes difficultés à surmonter.
D'un autre côté, les contributions augmentent tous les ans, et l'on ne se demande de rien.
Le soussigné avait réclamé, par l'intermédiaire de la commune de Bazoncourt, à l'administration militaire une indemnité de 180 francs, tandis que les pertes réelles se devraient à plus de 500 francs, mais sans aucun résultat. À chaque passage de troupes, le moulin et tous ses biens sont endommagés.
Que faire et à qui s'adresser ? Voilà donc toute la situation.
En terminant, le soussigné envoie un don de soumission pour l'arrêté du 5 août 1894, et en exécution d'un don et l'obtention d'une enquête soit par Monsieur le Directeur de Connels, soit des troupes par le Président.
Dans cette attente, le soussigné a l'honneur d'être, Monsieur le Président, le plus humble et obéissant serviteur.
F. Rapp


Sources : ADM 16 AL 360 - dossier 2 (5 Mo)

1895 : Michel Félix RAPP reprend la meunerie après le décès de son père.

Meunier de 1895 à 1930 : Michel Félix RAPP (22 juillet 1859 à Réning - 17 avril 1930 à Bazoncourt)

Épouse : Catherine BOHN (24 avr. 1824 à Réning - 25 sept. 1894 à Bazoncourt)

1897 : Noyade d'un soldat bavarois.

Bazoncourt. On écrit au Lorrain, le 23 juin: «Un soldat bavarois, de la 9° compagnie du 4° régiment d'infanterie, employé momentanément au moulin de Bazoncourt, était allé se baigner hier soir, malgré la défense de son patron, derrière le moulin, dans un endroit profond, et s'est noyé. On a recherché le corps toute la nuit, et c'est ce matin seulement qu'on est parvenu à le retirer.
Sources : Gazette de Lorraine - page 4 - 25 juin 1897

1901 : Acte héroïque d'Albert Humbert

Albert Humbert Heroism

Extrait : Le Messin du 15 janvier 1902.

Garçon meunier : Albert Humbert né le 17 septembre 1886 à Tragny

Albert Humbert, agé de 18 ans, garçon-meunier au Moulin de Bazoncourt, s'est illustré par un acte héroïque lorsqu'il a sauvé la vie de Mme Lemond pendant un incendie dévastateur. Son courage et son abnégation ont été largement reconnus et salués par la communauté locale. L'incident, qui aurait pu se terminer tragiquement, a mis en lumière le dévouement et la bravoure d'Albert Humbert face au danger imminent. Pour plus de détails sur cet événement, consultez l'article complet dans le journal
Sources : Le Messin du 15 janvier 1902.

1903 : Capture d'une loutre de 1,20m

Loutre de 1,20 m dans la Nied française

La gazette de Lorraine du 7 février 1903.

M. Félix Rapp, du moulin de Bazoncourt qui se trouve à cheval sur la Nied française, à proximité de notre village, a eu la bonne fortune de capturer vendredi dernier une magnifique loutre. Quoique la bête carnivore fût prise dans un piège, il fallut quelque adresse pour en venir à bout. On sait que la loutre est très dangereuse pour les poissons, qu'elle s'en nourrit et qu'elle ne dédaigne pas non plus les autres animaux aquatiques. La bête capturée par M. Rapp mesurait 1 mètre 20 de long et avait un poids de 15 livres.
Sources : La gazette de Lorraine du 27 février 1903.

1910 : Crue exceptionnelle du 9 au 11 novembre

Plaque de crue 1910

Plaque de crue de 1910.

Plaque en fonte des hautes eaux de 1910, face de droite du bâtiment du moulin.
Transcription : HOCHWASSERSTAND / 9-11 november 1910

1917 : Basonhofener Mühle

basonhofener-muehle

Alsacien-Lorrain de Paris du 8 juillet 1917.

Liste des changements de noms de communes et de lieux en Alsace-Lorraine en 1917, durant la Première Guerre mondiale. Ces nouveaux noms, souvent germanisés, étaient imposés par les autorités allemandes dans un effort de germanisation des territoires annexés. Le "Moulin de Bazoncourt" est renommé "Basonhofener-Muehle", reflétant la volonté de l'administration allemande de marquer son influence sur la région. Basonhofener Mühle est orthographié Basonhofener-muehle. C'est assez fréquent au début du XXe siècle ou en typographie allemande simplifiée (ü devient ue).
Sources : L'Alsacien-Lorrain de Paris du 8 juillet 1917

1918 : Mise en vente du moulin

basonhofener-muehle

Annonce de mise en vente du moulin le 11 mai 1918.

En 1918, un beau moulin dit le moulin de Bazoncourt, accompagné d'environ 15 jours de pré (soit 5 hectares 26 ares), est mis en vente par Me Piquard, notaire à Courcelles-Chaussy. L'annonce insiste sur son emplacement très avantageux, son activité continue quelle que soit la saison, et la volonté de le céder avec toutes les facilités possibles pour séduire les acheteurs. La vente doit avoir lieu à l'étude du notaire le 11 mai 1918 à 11 heures du matin.
Sources : Affiches, annonces et avis divers de la ville de Metz du mardi 5 mai 1918 - page 11

1930 : décès de Félix Rapp

Avis de décès - Félix Rapp

Félix Rapp, meunier au Moulin de Bazoncourt, est décédé à l'âge de 71 ans le 17 avril 1930 à Bazoncourt, après avoir reçu les sacrements de l'Église. Ses proches (ses sœurs Cécile et Louise, son frère Joseph, ainsi que ses neveux et nièces) annoncent que la messe d'enterrement aura lieu le samedi 19 avril à 10h30 en l'église de Bazoncourt. Le présent avis tient lieu de faire-part.
Sources : Le Lorrain du 18 avril 1930 - page 2

1938 : La fièvre aphteuse touche le moulin

Fièvre aphteuse à Bazoncourt

L'article du 3 janvier 1938 indique qu'un arrêté préfectoral place plusieurs communes en zone d'interdiction ou d'observation en raison de la fièvre aphteuse.
Zone d'interdiction : comprend notamment Bazoncourt, ainsi que des villages voisins (Mécleuvés, Laquenexy, Gorze, etc.) et la ferme du Colombey (Coincy) ou des Petites Trappes (Woippy).
Zone d'observation : inclut entre autres le Moulin de Bazoncourt, des annexes de Bazoncourt, la ferme du Moulin de Sanry-sur-Nied, et d'autres localités autour de Metz.
Les restrictions concernent la sortie des bovins, ovins, caprins et porcins, sauf pour l'abattage dans un abattoir public avec autorisation vétérinaire. Il est également interdit de faire transiter ces animaux ou de les amener sur les foires et marchés depuis la zone. Des panneaux « Fièvre aphteuse – zone d'observation » doivent être installés aux entrées des communes concernées .
Sources : Le Messin du 3 janvier 1938 - page 3

1940 : date de fin d'exploitation

Le moulin cesse définitivement sa production de farine, marquant la fin d'une ère.

1945 : Vente par adjudication. Achat par Victor Viot

Propriétaire de 1945 à 1965 : Eugène Victor VIOT (29 novembre 1897 à Vergaville - 11 avril 1985 à Metz)

Épouse : Marie Joseph REY (30 mai 1901 à Bourdonnay - 6 octobre 1971 à Metz)

1946 : Assassinat de Michel Stojko

Raymond Pidolle et Michel Zafka

Pidolle à gauche, gracié par le Président
Zafka à droite, guillotiné

Michel Sztojko

Michel Sztojko

En 1946, le Moulin de Bazoncourt fût un lieu d'un crime atroce avec l'assassinat de Michel Stojko par Michel Zafka et Raymond Pidolle. Prémédité et brutal, le meurtre est exécuté en attachant une pierre au corps de la victime avant de le jeter dans la rivière Nied, pour masquer le crime. La découverte du corps plonge la communauté dans l'horreur, révélant la préméditation et la froideur des assassins. En 1948, après un procès qui captiva l'attention régionale, Michel Zafka est exécuté le jour de son 21e anniversaire, le 4 mars 1948, mettant en lumière la gravité des faits et la rigueur de la justice de l'époque. Cet événement tragique marque profondément le moulin et ses habitants, entraînant une fermeture temporaire du site. L'histoire du moulin, chargée de ce passé sombre, reste une page marquante de l'histoire locale, témoignant des impacts durables de la violence sur une petite communauté.
voir les articles : Le Messin du 02 sept. 1946, Le RL du 16 octobre 1946 - page 2, Le RL du 29 août 1946 - page 2 ou L'Est républicain
Autres sources 0 . 1 . 2 . 3 . 4 . 5 . 6 . 7 . 8

1947 : Dossier de dommage de guerre. Achat par Victor Viot

Propriétaire de 1945 à 1965 : Eugène Victor VIOT (29 novembre 1897 à Vergaville - 11 avril 1985 à Metz)

Épouse : Marie Joseph REY (30 mai 1901 à Bourdonnay - 6 octobre 1971 à Metz)

Plan de masse

Noter l'erreur sur le schéma, les directions Lemud et Bazoncourt sont inversées.

Ces documents sont liés aux dommages de guerre subis par la propriété et décrit minutieusement les coûts et les travaux nécessaires pour la restauration du bâtiment. Il a été réalisé le 16 février 1947 par H. Colombini, architecte agréé. Le document liste différentes parties de la structure, évalue les dommages et présente les coûts estimés pour chaque type de réparation, y compris la maçonnerie, la plâtrerie, la peinture, et la menuiserie.

1948 : Aquarelle du Moulin peinte par Eugène Burner

Aquarelle du Moulin de Bazoncourt peinte le 23 mai 1948

Aquarelle du Moulin de Bazoncourt - Eugène Burner (1948)

Eugène Burner, haut-rhinois né en 1895, était dessinateur industriel à la SNCF et artiste peintre. Il exposa à la Société nationale des Beaux-Arts et créa de nombreuses œuvres inspirées par l'Alsace et la Moselle.

Cette aquarelle, peinte le 23 mai 1948, représente le Moulin vu du côté ouest, probablement en bordure de chemin rive gauche de la Nied. La roue, d'environ 4 mètres de diamètre et 1 mètre de large, y apparaît imposante et l'eau est étonnamment haute pour un mois de mai, à moins que cela ne soit une interprétation de l'auteur.
À cette époque, les fenêtres ouest de la cuisine et du salon n'étaient pas encore présentes (un oubli ?), contrairement à l'ouverture située entre les deux fenêtres côté sud et la roue, aujourd'hui murée.
Un grand bâtiment, désormais disparu, se trouvait devant le Moulin, ce qui pourrait expliquer la quantité de pierres retrouvées au fond de la Nied.
Les Saules argentés de l'allée, déjà imposants, avaient probablement une cinquantaine d'années, tout comme les deux Peupliers trembles situés en arrière plan.

1949: Tragique noyade près du Moulin

Un jeune homme de Vaucremont, en se rendant dernièrement de cette commune à Lemud et passant près du moulin de Bazoncourt est tombé dans la Nied et s'y est noyé. Ceci arrivait le mercredi des cendres (23 février 1949): le samedi suivant le cadavre n'était pas encore retrouvé et l'on continuait à fouiller la rivière.
Sources : Courrier de la Moselle, 1 mars 1849.

1950 : courrier demande de subvention

Attestation dommage de guerre

Victor Viot d'Aubécourt, exprime ses préoccupations dans une lettre datée du 25 avril 1950 adressée au Délégué de la Reconstruction. Il mentionne avoir soumis des factures acquittées au Bureau de la Reconstruction à Metz en août 1949 pour le moulin de Bazoncourt, sans avoir reçu de réponse ni de fonds. Il indique que les travaux, commencés il y a près de trois ans, sont en pause faute de financement, mettant en péril les rénovations déjà effectuées. Deux familles attendent de pouvoir emménager. Victor rapporte également des problèmes avec un pont et deux vannes détruits en 1940 par les troupes françaises, causant des inondations dans la région et des dommages aux vergers. Il se plaint du manque de soutien et des critiques reçues de la part des riverains, et demande une intervention urgente du délégué.

1950 : Attestation dommage de guerre

Attestation dommage de guerre

Le 11 décembre 1950, H. Colombini, architecte assermenté basé à Metz, certifie avoir préparé un dossier de dommages de guerre pour Victor Viot concernant ses propriétés, y compris le Moulin de Bazoncourt. Il atteste que plusieurs structures, telles que la passerelle, l'écluse, et la roue à aubes, ont été complètement détruites. Colombini note également que puisque M. Viot n'a pas encore reçu de subvention pour ces parties totalement détruites, elles n'ont pas été reconstruites à ce jour.

1951 : Travaux sur les vannes du moulin et droit de pêche

Le 12 avril 1951, M. Victor Viot d'Aubecourt, propriétaire du moulin de Bazoncourt, informe l'ingénieur du Génie rural que les fonds pour remettre en état les vannes du barrage vont lui être versés. L'ingénieur demande à son collègue de Boulay de prendre contact avec le propriétaire pour lui rappeler que les travaux doivent être effectués conformément au règlement, et qu'un procès-verbal de récolement devra être établi à la fin. Il signale aussi qu'une question sur le droit de pêche sur les terrains riverains a été soulevée et qu'elle devra être réglée avec le syndicat compétent pour savoir s'il existe déjà un contrat avec une société de pêche.

1954 : Avis technique sur le projet de reconstruction des vannes

Le 26 juillet 1954, l'Ingénieur des Travaux ruraux de Boulay rend son avis sur le projet de reconstruction des vannes, du pont et des murs de rive du moulin de Bazoncourt, élaboré par l'architecte M. Colombini. Il constate que le projet n'est pas conforme au règlement d'eau du 18 mai 1850 et aux arrêtés subséquents, notamment concernant les hauteurs réglementaires des vannes et du corbeau fixant le niveau légal de la retenue. Les cotes actuelles sont légèrement différentes, avec un corbeau placé 0,04 m trop haut. Les dimensions réglementaires des vannes principales et latérales sont rappelées. L'avis conclut qu'un léger remaniement du projet permettrait sa mise en conformité, tout en soulignant que les installations actuelles semblent favoriser les inondations et que le règlement d'eau présente certaines imperfections.

1954 : Recensement du 27 octobre 1954

Extrait du recensement de 1954, établi par l'INSEE pour la commune de Bazoncourt. Le formulaire recense tous les habitants vivant dans les logements ordinaires de la commune, en indiquant pour chacun : Le nom et prénom, lLa relation au chef de ménage, l'année de naissance, la nationalité et la profession.

4 personnes logent au moulin : VIOT Victor (1897), REY Marie, épouse (1901), VIOT Colette - fille (1925), PILLOT Marcelle - petite fille (1944).
Sources : ADM 63 W 12 - page 4

1963 : Victor Viot réside toujours au Moulin

matricule militaire n°713 - Classe 1917

D'après le registre de matricules militaire n° 713, Victor Viot résidait à "Moulin par Lemud" le 1er avril 1963"
Résumé du registre : Victor Viot, né le 30 octobre 1897 à Vergaville, département de la Moselle, a été réintégré de plein droit dans la nationalité française selon la Section V du traité de paix après la Seconde Guerre mondiale. D'après son feuillet matricule, il a été affecté à diverses unités militaires au cours de sa carrière, notamment au 26e P.I. en 1920, et a subi plusieurs mutations jusqu'à son affectation finale au C.M.IN. 204 en 1955.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il a été fait prisonnier à Saugres le 15 juin 1940 par les autorités allemandes et a été détenu jusqu'au 2 août 1940. Après plusieurs années de service et des périodes en captivité, il a été libéré de toutes obligations militaires le 15 février 1945.
Sources : Extrait du registre de matricules militaire - n° 713.

1965 : Donation à Colette Viot au décès de son père

Propriétaire de 1965 à 1985 : Colette Marie Jeanne Viot (née le 27 avril 1925 à Vergaville, décédée le 10 avril 2014 à Vandœuvre-lès-Nancy)

Époux : Paul Antoine Boime (17 juin 1929 né à Rémilly - décédé le 7 août 1988 à Metz)

1985 : Donation de C et RB à leurs enfants

Propriétaire : M. B.

Époux : J. C. (1940-2022)

1988 : Achat de la moitié de la propriété par FM.

Propriétaire de 1988 à 1990 : F. M. (14 nov. 1959 - 9 mars 1990)

Plan d'aménagement

La propriété est divisée en deux parties. F. acquiert le terrain situé entre la rive droite du canal et la rive gauche de la Nied. Cette parcelle inclut la meunerie, les vestiges du hangar, l'île ainsi que l'allée de saules menant à Bazoncourt. L'acte de vente est officialisé le 30 mars 1988, par Maître SAAS à Rémilly.

Il entreprend divers aménagements extérieurs, notamment le rehaussement de la partie arrière du moulin, ainsi qu'un projet paysager (voir plan ci-contre). Ce projet comprend la plantation d'arbres soigneusement choisis : deux séquoias en bordure de propriété (près du déversoir et le long de l'allée de saules), ainsi que divers arbustes tels que des groseilliers et un forsythia. Le plan indique également la présence d'autres espèces réparties le long de la parcelle, dont des Taxus, des peupliers, des saules (Salix), des bouleaux (Betula) et un sapin Picea.

1991 : Achat de la partie rive droite du canal

Propriétaire depuis 1991 : S et DC

Achat le 8 mars 1991. Ils emménagent début novembre après huit mois de rénovations.

Depuis 2003, c'est aussi le siège social de l'association Ecopains d'abord et de son site internet Oiseaux.net

1992 : Achat de la partie rive gauche du canal

Propriétaire depuis 1992 : C. et LC

Ils emménagent ... 1992 rive gauche du canal.

1995 : Création du site Oiseaux.net

Le site Oiseaux.net a été créé en décembre 1995 sous le nom Les Oiseaux du Moulin, appellation qu'il conservera jusqu'en 2001. Pensé comme un espace collaboratif dédié à l'ornithologie, il s'est inspiré du modèle d'une encyclopédie participative. Depuis son lancement, le site a réuni plus de 450 contributeurs, principalement des photographes, épaulés par une équipe d'une dizaine de personnes pour la gestion éditoriale et la modération.

L'objectif fondamental du site est pédagogique : proposer au public des fiches détaillées sur les espèces, des articles comparatifs, et des outils interactifs comme un moteur de recherche multicritères ou un système de reconnaissance visuelle des oiseaux.

2003 : Création de l'association Écopains d'abord

L'association Écopains d'abord a été fondée en 2003 avec pour mission de promouvoir des actions écologiques, solidaires et citoyennes. Elle s'engage notamment dans la protection de l'environnement, la sensibilisation à la biodiversité et la transmission de pratiques respectueuses de la nature.

Forte d'un réseau de membres passionnés, l'association organise des animations pédagogiques, soutient des initiatives locales et favorise les échanges entre naturalistes amateurs, experts et grand public. Ses actions, ancrées dans la convivialité et l'entraide, contribuent à renforcer le lien entre l'humain et son environnement.

Le moulin aujourd'hui : renaissance d'un patrimoine

Aujourd'hui, le Moulin de Bazoncourt a trouvé une nouvelle vie comme résidence privée, préservant son architecture historique tout en s'adaptant aux besoins modernes. Les propriétaires actuels veillent à maintenir l'esprit du lieu, conservant les éléments patrimoniaux, les mécanismes de régulation hydraulique et l'architecture traditionnelle du bâtiment.

Le site continue à jouer un rôle dans la vie locale, notamment à travers les activités associatives qui y ont élu domicile.

Cette période contemporaine du Moulin de Bazoncourt illustre remarquablement la capacité d'adaptation des sites patrimoniaux aux évolutions de la société. Du système seigneurial à l'économie industrielle, puis à la société de services et de loisirs, le moulin a su traverser les siècles en conservant son identité tout en réinventant constamment sa fonction. Son histoire contemporaine témoigne de la richesse et de la complexité des transformations sociales, économiques et culturelles qui ont marqué la France rurale des deux derniers siècles.

Les défis actuels de préservation du patrimoine hydraulique, de gestion environnementale et de transmission de la mémoire locale trouvent dans l'exemple du Moulin de Bazoncourt un cas d'étude particulièrement riche, démontrant qu'il est possible de concilier respect du passé et adaptation au présent.