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Histoire Contemporaine du Moulin de Bazoncourt

L'époque contemporaine (1800-aujourd'hui)

L'époque contemporaine du Moulin de Bazoncourt s'étend sur plus de deux siècles, depuis les bouleversements post-révolutionnaires jusqu'à nos jours. Cette période se caractérise par la fin du système seigneurial, l'industrialisation progressive, les transformations liées aux guerres mondiales, la fin de l'activité meunière traditionnelle et la reconversion du site en habitation privée. Elle témoigne de l'adaptation constante du moulin aux mutations économiques, sociales et technologiques de la société moderne, tout en préservant l'essence de son patrimoine historique et architectural.

En cette fin du XVIIIe siècle, la Lorraine connaît une mutation profonde avec l'abolition des privilèges seigneuriaux en 1789. Le Moulin de Bazoncourt, libéré des contraintes féodales, entre dans une nouvelle ère où prévaudront les logiques économiques modernes et la libre concurrence entre établissements meuniers.

Liste des propriétaires et meuniers - Époque contemporaine
1800 - 1815??
1815 - 1832Jean HENNEQUIN
1832 - 1857Jean BOUVIN - Chiller
1857 - 1893Francois POINSIGNON
1857 - 1863meunier Léon RESVE
1874 - 1878meunier Adolphe THIRIET
1880 - 1895François RAPP
1888domestique François LECONTE
1895 - 1930Michel Felix RAPP
1901garçon meunier Albert HUMBERT
1930 - 1945??
1945 - 1965Victor VIOT
1965 - 1988CB
1988 - 1990FM
1990 - 1991J & NM
1991 -SM & DC
1992 -CA & LC

1800-1815 : La transition post-révolutionnaire

Après le départ de François Watrin vers 1800 (dernier meunier de l'Ancien Régime qui s'installe à Sorbey où il décède en 1803), le moulin traverse une période d'incertitude documentaire de vingt années. Cette lacune s'explique par les bouleversements administratifs consécutifs aux réformes consulaires et impériales, la dispersion des archives seigneuriales confisquées pendant la Révolution, et l'instabilité économique des guerres napoléoniennes.

Malgré cette absence de sources, l'activité meunière se poursuit vraisemblablement sans interruption majeure. Les besoins alimentaires de la population locale demeurent constants, et la position géographique du moulin - sur la Nied française avec un débit régulier - garantit sa viabilité économique. Les documents cadastraux de 1807 et 1824 confirment d'ailleurs la permanence des installations et l'organisation rationnelle de la propriété.

1815 : Jean HENNEQUIN, meunier

Meunier de 1815 à ~1832 : Jean HENNEQUIN (né le 12 avril 1785 à Sanry-sur-Nied, décédé après 1831)
Épouse : Marguerite SALLERIN (1791, mariés le 20 juin 1809 à Colligny)

Extrait acte de mariage - Jean Hennequin et Marguerite Sallerin

Extrait acte de mariage - Jean Hennequin et Marguerite Sallerin" - 1809

Jean Hennequin reprend l'exploitation du moulin vers 1815, marquant le début d'une nouvelle période de stabilité après les turbulences révolutionnaires. Fils de Jean Hennequin, meunier au Moulin de Sanry-sur-Nied en 1794, et de Barbe Maguin, il appartient à une famille de meuniers bien établie dans la vallée de la Nied.

Il épouse Marguerite Sallerin le 20 juin 1809 à Colligny, fille de François Sallerin et de Marguerite Lerond. De cette union naissent plusieurs enfants : François Hennequin en 1815 (né à Bazoncourt), Charles François Hennequin en 1818, et Madeleine Hennequin en 1831.

À la mort de son père Jean Hennequin le 26 juillet 1825, la succession des moulins familiaux se répartit entre les deux frères : Jean continue d'exploiter le Moulin de Bazoncourt, tandis que son frère cadet Charles HENNEQUIN (né en 1796) reprend le moulin paternel de Sanry-sur-Nied. Cette répartition géographique des biens familiaux explique la proximité des deux établissements, distants de seulement 1,3 kilomètre à vol d'oiseau le long de la Nied française.

Cette organisation familiale des moulins Hennequin perdurera jusqu'en 1832 environ, date à laquelle Jean cède probablement l'exploitation de Bazoncourt à Jean Bouvin. Charles continuera quant à lui d'exploiter le moulin de Sanry jusqu'à sa mort en 1852, ce qui explique qu'il soit encore en activité lorsqu'il porte plainte contre Jean Bouvin en 1844 pour les nuisances causées par l'ajout du deuxième tournant au Moulin de Bazoncourt.

Sources : Archives généalogiques Geneanet, actes d'état civil de Colligny (p205-206) et Bazoncourt, chronologie de Charles Hennequin

1818 : Tentative de vente par Jean Hennequin

Annonce de vente 1818

Annonce de vente du moulin en 1818

L'annonce de vente parue le 10 mai 1818 dans les "Affiches, Annonces et Avis divers de la Ville de Metz" révèle une tentative de cession du moulin par Jean Hennequin, alors propriétaire et exploitant de l'établissement. Le moulin y est décrit comme "un établissement réputé pour son emplacement optimal qui lui permet de fonctionner en toutes saisons", témoignage de la continuité de son exploitation et de sa réputation commerciale intacte.

Cette mise en vente intervient seulement trois ans après l'installation de Jean Hennequin et trois ans également après la fin des guerres napoléoniennes (1803-1815). Les ajustements économiques consécutifs à ces longues années de conflit, les changements dans les circuits commerciaux et monétaires, ainsi que la réorganisation administrative de la Restauration peuvent expliquer cette tentative de cession. D'autres raisons personnelles ou familiales, ou encore des opportunités commerciales ponctuelles, ont pu également motiver cette démarche.

Cependant, la vente ne se concrétise pas, puisque Jean Hennequin demeure présent et actif au moulin jusqu'aux années 1830. Cette tentative avortée témoigne des incertitudes de la période de transition entre l'Empire et la Restauration, où les propriétaires d'établissements industriels naviguent encore entre les conséquences des bouleversements napoléoniens et la recherche de nouvelles stabilités économiques.

Sources : Affiches, Annonces et Avis divers de la Ville de Metz 25 avril 1818

1819 : Vente aux enchères d'un corps de biens à Bazoncourt

Affiches de Metz 1819

Affiches, Annonces et Avis divers de la Ville de Metz - Mars 1819

Le jeudi 1er avril 1819, deux heures de relevée, une vente aux enchères exceptionnelle a lieu en l'étude de Me. Purnot, notaire royal à Metz, rue des Cloutiers n°7. Il s'agit de l'adjudication d'un "très-beau corps de biens, situé à Bazoncourt, canton de Pange", proposé aux plus offrants et derniers enchérisseurs.

Cette vente, organisée en trois lots distincts ou en gros selon les préférences des amateurs, révèle l'importance économique du domaine de Bazoncourt au début du XIXe siècle. Elle s'inscrit dans la période de transition post-révolutionnaire (1800-1820), caractérisée par l'instabilité économique des guerres napoléoniennes et les bouleversements administratifs de l'époque.

Composition des trois lots mis en vente :

Premier lot - La ferme devant les Huis :
Cultivée par Nicolas Pallez de Bazoncourt, cette exploitation comprenait :
• Sur le ban de Bazoncourt : 201 jours 278 verges de terres (71 hectares 40 ares 18 centiares)
• 26 jours 392 verges de prés (9 hectares 55 ares 79 centiares)
• Une maison de ferme avec ses aisances, appartenances, dépendances et jardins
• Sur le ban de Vaucremont : 7 jours 327 verges de terres (2 hectares 77 ares 55 centiares)
• Rapport net annuel : 3600 francs

Deuxième lot - La ferme dite le Beuvent-de-Bazoncourt :
Cultivée par François Remy dudit lieu, elle consistait en :
• 12 jours 339 verges de terres (4 hectares 55 ares 10 centiares)
• 6 jours 191 verges de prés (2 hectares 30 ares)
• Rapport net annuel : 321 francs

Troisième lot - La Grande Nissa :
Louée à monsieur Taverne, cette parcelle remarquable comprenait :
• 5 jours 200 verges de terres (1 hectare 95 ares 25 centiares)
• 100 saules ou peupliers en production
• Rapport net annuel : 319 francs

La Grande Nissa : un terrain d'exception

La mention de la Grande Nissa dans cette vente de 1819 est particulièrement révélatrice. Ce terrain de près de 2 hectares, situé rive droite en amont du moulin, était planté de 100 saules ou peupliers, témoignant d'une exploitation raisonnée des ressources ligneuses. Son rapport économique substantiel (319 francs annuels) souligne son importance dans l'économie locale. Cette plantation historique explique la présence actuelle de nombreux saules dans cette zone, descendants probables de ces arbres du début du XIXe siècle.

Les mesures anciennes lorraines :

Les superficies étaient exprimées selon le système traditionnel lorrain où le "jour" correspondait approximativement à 35 ares (superficie qu'un homme pouvait théoriquement travailler en une journée), subdivisé en verges (environ 392 verges par jour). Cette vente illustre parfaitement la précision du système de mesure lorrain, bien antérieur à l'adoption du système métrique.

Cette adjudication de 1819 témoigne de la qualité du domaine de Bazoncourt, qui conserve sa valeur économique malgré le contexte régional difficile de l'époque. Avec ses terres fertiles, ses installations agricoles performantes et sa gestion diversifiée entre culture céréalière, prairies et sylviculture, le domaine se distingue avantageusement des nombreuses propriétés mises en vente par saisie forcée dans la région.

Sources : Affiches, Annonces et Avis divers de la Ville de Metz - Mars 1819, page 19

1819 : Contexte économique régional et industrie meunière

Les archives judiciaires de mars 1819 révèlent un contexte économique difficile en Moselle. Les "Affiches, Annonces et Avis divers de la Ville de Metz" regorgent de ventes par saisie immobilière, d'adjudications forcées et de licitations, témoignant des séquelles durables des guerres napoléoniennes sur l'économie locale.

De nombreuses propriétés rurales de la région (Bettange, Gommelange, Ottonville, Ricquerange, Saint-Juré, Helstroff) font l'objet de procédures judiciaires, illustrant les difficultés financières généralisées de l'époque. Ces ventes concernent souvent des moulins, révélant l'importance de l'industrie meunière dans l'économie régionale et offrant un aperçu unique de cette activité en Moselle post-napoléonienne.

Témoignages techniques sur l'économie meunière :

  • Moulin de Loupershausen : "moulin Ă  deux tournants sur la Nied", avec tuilerie, Ă©curies, greniers, jardins et 50 ares de terres arables
  • Moulin de Freistorff : "corps-de-logis, moulin Ă  deux tournants sur la Nied, vis-Ă -vis Ă©curies, greniers Ă  fourrage" avec huilerie
  • Diverses installations : Moulins avec leurs "trains de meunier", Ă©quipements complets incluant chevaux de trait, voitures, balances, bascules romaines

Ces descriptions techniques confirment que le Moulin de Bazoncourt s'inscrivait dans un réseau dense d'installations meunières le long de la Nied et de ses affluents. La mention récurrente des "deux tournants" (deux roues hydrauliques) révèle une tendance à l'amélioration technique pour accroître la productivité, tendance que l'on retrouvera à Bazoncourt vers 1844 avec l'ajout d'un second tournant par Jean Bouvin.

Dans ce contexte difficile, la vente volontaire du domaine de Bazoncourt contraste avec les nombreuses saisies forcées de l'époque, suggérant une gestion anticipée plutôt qu'une situation de détresse financière. Le domaine conserve sa prospérité grâce à ses terres fertiles, ses installations agricoles performantes et sa gestion diversifiée entre culture céréalière, prairies et sylviculture.

Sources : Affiches, Annonces et Avis divers de la Ville de Metz - Mars 1819, pages diverses

1820 : Révolution technique - L'arrivée des engrenages en fonte

Vers 1820 apparaît en Lorraine une innovation majeure qui transforme la mécanique meunière : les premiers engrenages en fonte remplacent les anciens rouets en bois. Cette révolution technique, longtemps attendue, marque le début de la modernisation véritable des moulins lorrains qui accusaient un retard considérable sur les régions les plus avancées.

Contexte historique de cette révolution :
Selon les analyses techniques de l'époque, cette innovation s'inscrit dans un mouvement plus large de modernisation de la meunerie française. Les spécialistes comme Bucquet avaient déjà codifié en 1790 "l'art du meunier" en définissant les neuf savoirs essentiels : connaissance des grains, nettoyage, construction mécanique, choix des meules, rhabillage, moutures, bluteaux, mélanges et conservation. Ces standards, appliqués dans les régions avancées, soulignaient le retard de la Lorraine.

Avantages techniques des engrenages en fonte :
• Précision accrue des rapports de transmission
• Réduction significative des vibrations et du bruit
• Durabilité incomparable comparée au bois
• Maintenance réduite et fonctionnement plus régulier
• Possibilité d'augmenter la vitesse de rotation des meules

Cette transformation technique prépare l'arrivée des autres innovations qui suivront : abandon des meules bombées vers 1830, introduction des techniques de nettoyage systématique des grains, et perfectionnement des systèmes de blutage. Pour les moulins comme celui de Bazoncourt, c'est le début d'une nouvelle ère technique qui les rapprochera enfin des standards européens.

Impact économique :
L'amélioration de la précision mécanique permet d'obtenir des farines de qualité plus constante, répondant mieux aux exigences du marché régional. Cette modernisation technique accompagne la libéralisation économique post-révolutionnaire et la fin des contraintes de banalité.

Sources : Histoire de la meunerie lorraine - Pelsy 1896

1820 : Premier cadastre napoléonien

Plan cadastral de 1820

Plan cadastral de 1820 - Section D du Ban de Bazoncourt

Le cadastre napoléonien de 1820, réalisé par le géomètre Toussaint à l'échelle 1/2500, offre un témoignage cartographique précieux de l'organisation territoriale du Moulin de Bazoncourt. Ce plan révèle la configuration exacte des parcelles et des bâtiments au début du XIXe siècle.

La carte montre clairement la position stratégique du moulin à la confluence du canal de dérivation et de la Nied française. On y distingue l'implantation des bâtiments de la meunerie, l'organisation hydraulique avec le déversoir, ainsi que la répartition des terres agricoles environnantes. Le tracé de la route reliant Lemud à Bazoncourt, aujourd'hui chemin rural, apparaît déjà bien établi.

Configuration de l'habitat en 1820 : Le plan révèle la continuité de l'organisation traditionnelle : les meuniers continuent de résider directement dans le moulin, comme l'attestait déjà l'inventaire de 1731. Les bâtiments de la meunerie au bord du canal intègrent toujours les espaces d'habitation.

On observe également la présence de constructions situées au bout de l'allée de saules, dont la fonction précise sera clarifiée par l'analyse du registre cadastral de 1824.

Ce document constitue un jalon essentiel pour comprendre l'évolution de l'aménagement du site, permettant de comparer la situation de 1820 avec les transformations ultérieures du XIXe et du XXe siècles.

Sources : ADM 35P57 (Bazoncourt et aussi Berlize, Fresnois, Fourcheux et Vaucremont : plan minute, TA, sections A-H. Échelle : 1/2500. Géomètre : Toussaint. 1820)

1824 : Registre cadastral des parcelles rive droite

Registre cadastral 1824

Extrait du registre cadastral de 1824 - Parcelles 132-137

Le registre cadastral de 1824 apporte des précisions essentielles sur la propriété foncière du moulin. Il documente en détail les parcelles situées en rive droite du canal, notamment les sections 107 à 112 et 132 à 137, révélant la fragmentation des terres et leur affectation.

Identification des bâtiments annexes : Les constructions situées au bout de l'allée de saules correspondent aux dépendances agricoles : le registre cadastral confirme que la parcelle 133 est une "Écurie" et la parcelle 134 un "Jardin". Cette organisation sépare logiquement les activités : le moulin-habitation près de l'eau pour la production, les écuries et jardins à distance pour les activités agricoles complémentaires et à l'abri des crues.

Cette configuration révèle la rationalité de l'exploitation : habitat et meunerie intégrés pour l'efficacité du travail quotidien, dépendances agricoles éloignées pour éviter les risques d'inondation du bétail et des récoltes.

Ces registres identifient les propriétaires successifs et la nature précise des biens (terres labourables, prés, jardins, bâtiments d'exploitation), confirmant la continuité de l'activité meunière malgré les bouleversements révolutionnaires. L'analyse révèle une propriété morcelée caractéristique de l'époque post-révolutionnaire, avec plusieurs parcelles de tailles variables réparties de part et d'autre du cours d'eau, organisation qui influencera durablement la gestion hydraulique et l'exploitation agricole du site.

Sources : Archives départementales de la Moselle - Registres cadastraux de Bazoncourt, 1824

1825 : L'héritage des innovations du XVIIIe siècle

Le Moulin de Bazoncourt bénéficie des innovations techniques développées au XVIIIe siècle. Le tire-sac, innovation majeure de cette époque, équipe désormais la plupart des moulins lorrains. Ce système, d'abord manuel avec un treuil en bois monté dans les combles, évolue vers une application mécanique où l'extrémité de la corde s'enroule sur un treuil mobile actionné par les rouages du moulin.

Malgré les critiques de Parmentier et ses contemporains, les meuniers lorrains conservent encore leurs grandes meules bombées de 2 mètres de diamètre. Ce diamètre excessif reste nécessaire pour obtenir la vitesse requise par la mouture avec l'agencement simple du mécanisme d'alors. La meule courante (supérieure) demeure convexe, la meule gisante (inférieure) concave, supposément pour faciliter l'avancement du grain vers la périphérie.

Les appareils de nettoyage, notamment la "ramonerie" préconisée par Parmentier, font partie de l'équipement standard. Ce dispositif frictionne énergiquement le grain pour lui enlever les poussières adhérentes et pulvériser les mottes de terre mélangées.

Sources : Histoire de la meunerie lorraine - Pelsy 1896

1830 : Classification de la meunerie lorraine

À cette époque, la meunerie lorraine se structure selon une classification bien établie, résultat des évolutions post-révolutionnaires. Le Moulin de Bazoncourt, sous Jean Hennequin puis Jean Bouvin, s'inscrit dans cette hiérarchie technique et commerciale.

Les moulins à blanc (ou de commerce) opèrent presque exclusivement avec la clientèle des marchés de leur localité. Ils possèdent des installations spacieuses, des équipements améliorés et une organisation du travail spécialisée avec :
• Les chefs de mouture dirigeant tous les services
• Les rhabilleurs responsables de l'état des meulages
• Les conducteurs surveillant la marche des meules
• Les bluteurs gérant les bluteries et mélanges
• Les nettoyeurs préparant les grains à la mouture
• Les hommes de plancher assurant les tâches d'appoint

Les moulins aux petits sacs restent disséminés dans la campagne, assurant la mouture à façon des particuliers sans voies de communication développées.

Tous ces établissements conservent autant de moteurs (roues hydrauliques) que de paires de meules : on parle ainsi de moulins à "un tournant", "deux tournants", "trois tournants" selon le nombre de roues hydrauliques.

Cette spécialisation professionnelle, inexistante au Moyen Âge, témoigne de la complexification de l'art meunier. Elle offre également une mobilité sociale : un ouvrier intelligent et courageux peut aspirer à devenir propriétaire d'un moulin, stimulant l'excellence professionnelle dans toute la filière.

Sources : Histoire de la meunerie lorraine - Pelsy 1896

1832 : Acquisition par Jean BOUVIN

Propriétaire de 1832 à 1857 : Jean BOUVIN (né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt)
Épouse : Élisabeth GRIMAR (née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt)

Meunier-locataire : M. Chiller (mentionné en 1844)

Jean Bouvin acquiert le Moulin de Bazoncourt vers 1832, succédant à Jean Hennequin. Né le même mois et la même année que ce dernier (1785), il appartient à une génération d'entrepreneurs qui profitent de la stabilisation politique et économique du règne de Louis-Philippe pour investir dans l'industrie meunière.

Originaire de Marly, Jean Bouvin épouse Élisabeth Grimar de Sillegny le 7 février 1792. Le couple s'installe à Bazoncourt où ils passeront le reste de leur existence, Jean décédant en 1868 et Élisabeth en 1870, deux ans après son époux.

Jean Bouvin se révèle être un propriétaire entrepreneur et modernisateur. Il entreprend rapidement des travaux d'amélioration de l'équipement du moulin, notamment par l'installation d'un second tournant (seconde roue hydraulique) vers 1844, doublant ainsi la capacité de production de farine. Cette modernisation, bien qu'efficace sur le plan économique, ne se fait pas sans créer des tensions avec les propriétaires des moulins voisins.

L'exploitation du moulin n'est pas assurée directement par Jean Bouvin, qui fait appel à des meuniers-locataires. En 1844, les documents mentionnent un certain M. Chiller comme meunier exploitant le moulin pour le compte de Bouvin.

1835 : L'évolution vers les meules modernes

La décennie 1830 marque une transformation technique décisive. Les meuniers lorrains abandonnent définitivement les grandes meules bombées au profit des "petites meules anglaises" planes. Cette révolution s'accompagne du remplacement du bluteau traditionnel par la bluterie à pans et de l'adoption de la "mouture basse d'un seul trait" remplaçant l'ancienne "mouture à la grosse".

Les moulins ruraux, stimulés par la réputation croissante des grands établissements, suivent ces améliorations dans la mesure de leurs moyens. L'influence du mouvement de modernisation qui règne dans les grands moulins pousse les meuniers ruraux à livrer une farine plus propre, répondant mieux aux exigences de leur clientèle.

Ces améliorations adoptent enfin les principes techniques décrits par Bucquet : meules de 6 pieds de diamètre parfaitement équilibrées, rouets précis avec 44 chevilles, systèmes de nettoyage performants, permettant une productivité de 120 livres de blé en 23 minutes selon les standards modernes.

Vers 1840, la meunerie lorraine atteint un degré de perfection remarquable. Un rapport de l'époque note : "Si Raspail disait de la meunerie générale que 'la routine a presque seule appris tout ce que l'on sait', la meunerie lorraine pourrait être fière d'être arrivée à un degré d'ensemble et de perfection qu'il serait difficile de trouver à cette époque dans une autre contrée, à l'exception du rayon immédiat de Paris."

Sources : Histoire de la meunerie lorraine - Pelsy 1896

1839 : Projet de règlement pour l'usine de Bazoncourt selon l'ordonnance de 1834

Le 9 août 1839, l'ingénieur en chef de la Moselle L. Mothe présente un projet de règlement pour le Moulin de Bazoncourt, en application de l'ordonnance royale du 30 juin 1834 visant l'amélioration du régime de la Nied française. Ce document technique révèle la configuration précise de l'installation hydraulique et les modifications envisagées pour améliorer l'écoulement des eaux.

Situation de l'usine en 1839 :

Le moulin dispose alors de quatre vannes : deux vannes motrices (2,00 m au total) pour actionner les roues, et deux vannes de décharge (2,54 m) pour évacuer les surplus d'eau. La chute totale atteint 1,54 m, et un épaulement en maçonnerie de 5,54 m de largeur structure la rive droite avec son canal de décharge.

Principales modifications proposées :

Le projet vise essentiellement à améliorer l'évacuation des crues en créant un système de décharge plus efficace :

  • Construction d'une nouvelle Ă©cluse de dĂ©charge de 6,46 m de largeur avec cinq vannes
  • Élargissement du canal de dĂ©charge Ă  6,40 m
  • LĂ©gère rĂ©duction de la hauteur des vannes de dĂ©charge (de 1,29 m Ă  1,13 m)
  • Seuil de la nouvelle Ă©cluse placĂ© 0,30 m plus bas que le bâtiment d'eau principal

Ces aménagements, tout en permettant une meilleure gestion des crues et l'évacuation des dépôts limoneux, garantissent le maintien des deux tournants (deux roues hydrauliques) du moulin, essentiels à sa productivité.

Transcription du texte intégral du document :

Ponts et Chaussées - Amélioration du régime de la rivière la Nied française
Exécution de l'ordonnance royale du 30 Juin 1834
Syndicat des Nieds - Projet de règlement présenté pour l'usine de Bazoncourt

Ce projet de règlement se compose d'un seul article ainsi rédigé : Mr le Directeur général des ponts et chaussées, attendu la disposition de l'ordonnance royale du 30 Juin 1834, importera que le propriétaire de l'usine de Bazoncourt sera tenu de s'y conformer.

Après l'exécution de ce dit projet, l'usine de Bazoncourt sera tenu de fournir à l'Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées présentement :
1° Les observations relevées sur la propriété industrielle de l'usine de Bazoncourt.
2° Un croquis complet de la situation constatée de l'usine de Bazoncourt, si le propriétaire de ce moulin est encore en possession.

Moulin de Bazoncourt - Situation actuelle de l'usine

- Largeur supérieure de la rivière entre le moulin d'Ancerville et celui de Bazoncourt et moyennement de .... 9,00
- La pente entre le seuil principal du moulin d'Ancerville et le dessus de l'usine de Bazoncourt est de .... 0,14
- L'encaîssement de la nappe d'eau retenue par le moulin, au dessous des berges les plus basses ...de la rivière est de .... 0,38
Le bâtiment d'eau est composé de quatre vannes
- Deux vannes motrices (1ère vanne 1 m de largeur; 2ème vanne 1 m) de 2 m
- Deux vannes de décharge (1ère vanne 1,21 m de largeur; 2ème vanne 1,33 m) de 2,54 m
- Hauteur des vannes de décharge au dessus seuil des coursiers de décharge .... 1,29
- Chute du seuil amont au seuil aval totale actuelle du moulin .... 0,25
- Chute totale de hauteur de l'usine .... 1,54
L'escisse au Moulin de Bazoncourt sur la rive droite de la Nied, un épau... de la superficie en maçonnerie de 5,54 m de largeur, sous ecluse de décharge de fond, avec un canal de décharge.

Bases principales du règlement proposé

- Pour le curage du cours de la Nied, l'on propose de donner pour largeur moyenne à la section de cette rivière entre les usines d'Ancerville et de Bazoncourt .... 9,00
- L'encaissement de la nappe d'eau retenue pour les vannes, au dessous des berges les plus basses d'amont de la rivière serait de .... 0,40
- Le seuil principal en amont de cette usine serait rehaussé de ... 0,14
- La hauteur des vannes du coursier de décharge du bâtiment d'eau serait réduite à ... 1,13
- Le retenue d'eau par ces vannes baisserait ainsi de ... 0,02
Ces mĂŞmes vannes serait maintenues Ă  la largeur actuelle de ... 2,54
- La pente entre le seuil principal du moulin d'Ancerville et le dessus des vannes du Moulin de Bazoncourt seraient de ... 0,16
- Le canal de décharge contournant l'usine sur la rive droite de la Nied serait porté à une largeur réduite ... 6,4
L'écluse de décharge de fond à construire dans ce canal présenterait de ventillerie de ... 6,46
- Ainsi la largeur totale des ventilleries de décharge de fond seraient au total de ... 9,00
- Le seuil principal de l'écluse du canal de décharge en tant que possible de 0,30 en contre-bas du seuil principal du bâtiment d'eau et à ce fin de favoriser l'évacuation des dépôts limoneux des crues de la rivière.
Pour la hauteur des vannes de cette écluse serait et devrait être de .... 1,4
Le nombre de vannes de l'écluse du canal de décharge pourrait être de cinq.
Ces vannes comme celles des coursiers de décharge du bâtiment d'eau devront pouvoir s'élever de manière à ce que leur partie inférieure arrive à la hauteur des berges de la partie amont de la rivière.
Au moyen des changements présentés dans le présent projet de règlement, l'usine de Bazoncourt pourra être conservée avec ces deux tournants.

Metz, le 9 août 1839
L'Ingénieur en chef de la Moselle
(signé) L. Mothe
Plan du Moulin de Bazoncourt en 1839

Plan du Moulin de Bazoncourt - 1839
Note : Seule la meunerie est dessinée, l'habitation pourrait se trouver au bout de l'allée de saules (hors crue)

Configuration de l'habitat en 1839 : continuité de l'intégration

Le plan technique de 1839 ne représente que les ouvrages hydrauliques, mais cela ne signifie pas l'absence d'habitation dans le moulin. Les documents cartographiques concordants révèlent une continuité remarquable de l'organisation sur plus d'un siècle :

  • Carte de Cassini (1760-1765) : distinction entre moulin-habitation et bâtiments annexes
  • Cadastre napolĂ©onien (1820) : parcelles 133 (Ă©curie) et 134 (jardin) confirmant les dĂ©pendances agricoles
  • Plan technique (1839) : focus sur les installations hydrauliques uniquement

Cette organisation maintient la logique traditionnelle :

  • Le moulin-habitation : bâtiment principal intĂ©grant production et rĂ©sidence, situĂ© au bord du canal pour l'efficacitĂ© du travail
  • Les dĂ©pendances agricoles : Ă©curies et jardins situĂ©s Ă  150 mètres, au bout de l'allĂ©e de saules, protĂ©gĂ©s des crues

Cette continuité témoigne de l'efficacité de l'organisation traditionnelle : les meuniers privilégient la proximité immédiate de leur outil de travail tout en éloignant les activités agricoles complémentaires des zones inondables. L'habitation actuelle sur la rive gauche de la Nied est donc bien une construction postérieure à 1839.

Sources : Archives départementales de la Moselle - ADM 2 S 393, document daté du 9 août 1839

1840 : Vers la modernisation du Moulin de Bazoncourt

En 1840, la situation de la meunerie lorraine est avantageuse : elle prospère matériellement et dispose d'un mode de mouture universellement accepté. Cette excellence technique résulte de la convergence de plusieurs facteurs : une science hydraulique plus développée, une meilleure connaissance de la composition du grain, l'adoption d'un mode de mouture standardisé, une organisation du travail efficace et un réseau d'ateliers spécialisés performant.

C'est dans ce contexte de modernisation généralisée que s'inscrit l'acquisition du Moulin de Bazoncourt par Jean Bouvin vers 1832. Entrepreneur dynamique de cette génération qui profite de la stabilisation politique et économique du règne de Louis-Philippe, il représente parfaitement ces propriétaires investissant dans l'amélioration de l'industrie meunière.

L'ajout d'un second tournant vers 1844 par Jean Bouvin s'inscrit logiquement dans cette dynamique de modernisation. Cette installation d'une seconde roue hydraulique, doublant la capacité de production, correspond exactement aux pratiques de l'époque où l'augmentation du nombre de "tournants" constitue la voie privilégiée d'amélioration de la productivité.

Sources : Histoire de la meunerie lorraine - Pelsy 1896

1844 : Action en justice de Charles Hennequin - création d'un 2ème tournant

Propriétaire de 1832 à 1857 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

Meunier - locataire : M. Chiller

1844 : Action en justice de Charles Hennequin contre les modifications au Moulin

Charles Hennequin, meunier au moulin de Sanry-sur-Nied, porte plainte contre Jean Bouvin pour nuisances causées par l'ajout d'un deuxième tournant au moulin, affectant la production de farine d'un moulin voisin.

Cette modernisation correspond aux standards techniques préconisés dès 1790 par Bucquet, mais avec un demi-siècle de retard, témoignant de l'effort de rattrapage des entrepreneurs lorrains face aux moulins modernisés des régions centrales.

18 septembre 1844
Plainte du Citoyen Charles Hennequin (né en 1777) meunier au moulin de Sanry sur Nied contre Jean Bouvin.
Le sieur Bouvin propriétaire du Moulin de Bazoncourt a fait construire depuis quelques temps insensiblement un deuxième tournant à son usine, et cela sans doute sans autorisation de l'autorité administrative. Ce deuxième tournant nuit singulièrement à mon moulin qui est immédiatement inférieur; parce que notamment le Sieur Bouvin ou son locataire le Sieur Chiller fait très souvent fonctionner en même temps les deux tournants et alors l'eau arrivant en grande quantité à mon moulin qui n'a qu'un seul tournant passe en partie en pure perte sur mon déversoir.
Dans cette circonstance, j'ai honneur de vous prier Monsieur le Préfet de bien vouloir faire vérifier par un v..yer si réellement le Sieur Bouvin a établi un deuxième tournant à son usine et si par ce moyen il peut nuire dans certains cas tant au propriétés riveraines qu'à la mienne et d'ordonner alors sa destruction.
J'ai l'honneur d'être avec respect Monsieur le Préfet votre très humble et obéissant serviteur Charles Hennequin.

1844 : Crue exceptionnelle

Plaque de crue 1844

Plaque de crue de 1844.

La crue du 28 février 1844 est une crue de saison froide, a priori d'origine pluviale. Les pluies se sont abattues fortement et sur plusieurs jours. L'épisode est décrit comme "extraordinaire" et sert de référence historique du XIXᵉ siècle dans la région. Cependant, les archives sont lacunaires : peu de données chiffrées sur les débits, hauteurs d'eau ou dégâts locaux sont disponibles
Extrait : "Moulin de Bazoncourt. Plaque en fonte des hautes eaux de 1844, face de droite du bâtiment du moulin . Hauteur d'eau : 219,8 mètres."

Sources : statistique_du_departement_de_la_moselle.pdf - page 115

1844 : Action en justice de Charles Hennequin contre les modifications au Moulin

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

Meunier - locataire : M. Chiller

Vers 1844, le Moulin de Bazoncourt est acquis par Jean Bouvin, un événement marquant une période de changements substantiels dans la gestion et l'exploitation du site. Jean Bouvin, né le 10 novembre 1785 à Marly et décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt, a été une figure clé dans le développement du moulin. Il était marié à Elisabeth GRIMAR, née en 1792 et décédée à l'âge de 78 ans 2 ans après son mari.

Charles Hennequin, meunier, porte plainte contre Jean Bouvin pour nuisances causées par l'ajout d'un deuxième tournant au moulin, affectant la production de farine d'un moulin voisin.

18 septembre 1844
Plainte du Citoyen Charles Hennequin (né en 1777) meunier au moulin de Sanry sur Nied contre Jean Bouvin.
Le sieur Bouvin propriétaire du Moulin de Bazoncourt a fait construire depuis quelques temps insensiblement un deuxième tournant à son usine, et cela sans doute sans autorisation de l'autorité administrative. Ce deuxième tournant nuit singulièrement à mon moulin qui est immédiatement inférieur; parce que notamment le Sieur Bouvin ou son locataire le Sieur Chiller fait très souvent fonctionner en même temps les deux tournants et alors l'eau arrivant en grande quantité à mon moulin qui n'a qu'un seul tournant passe en partie en pure perte sur mon déversoir.
Dans cette circonstance, j'ai honneur de vous prier Monsieur le Préfet de bien vouloir faire vérifier par un v..yer si réellement le Sieur Bouvin a établi un deuxième tournant à son usine et si par ce moyen il peut nuire dans certains cas tant au propriétés riveraines qu'à la mienne et d'ordonner alors sa destruction.
J'ai l'honneur d'être avec respect Monsieur le Préfet votre très humble et obéissant serviteur Charles Hennequin.

1848 : Procès verbal de visite des lieux.

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

Le 24 mai 1848, un procès-verbal est rédigé lors d'une visite des lieux concernant une demande de Jean Bouvin pour maintenir le niveau actuel de l'eau près de son moulin. Les propriétaires riverains, présents, déclarent qu'une digue de 80 cm de hauteur sur la rive droite ne causerait aucun préjudice à leurs prairies. Cette digue est liée à la construction du chemin de fer Metz-Sarrebruck. Un repère provisoire est établi sur une marche donnant sur la rivière.

24 mai 1848
Procès verbal de visite des lieux.
Etaient présents : Boulanger ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, Jean Masson Maire de Bazoncourt et propriétaire riverain, le citoyen Jean Bouvin propriétaire du moulin et le citoyen François Nicolas Noirel-Manquin fermier des h... osier de metz et François Rose Beauvoir fermier du citoyen De Courten propriétaire riverain.
Jean Bouvin demande à être autorisé à maintenir le niveau actuel de l'eau. Les propriétaires riverains déclarent que cette hauteur ne porterait aucun préjudice (à leur prairie), s'il était établi une digue d'environ 80 cm de hauteur sur la rive droite du niveau lit ouvert à la rivière par suite de la construction du chemin de fer de Metz Sarrebruck.
Le ... saillant de la surface d'une marche décrochée donnant sur la rivière immédiatement en amont des ponts sur la rive droite a été indiqué pour repère provisoire.

1849 : Noyade près du Moulin de Bazoncourt

Noyade près du moulin

Le mercredi 21 février 1849, un jeune homme de Vaucremont, en allant à Lemud et passant près du Moulin de Bazoncourt, est tombé dans la Nied et s'est noyé le mercredi des Cendres. Le samedi suivant, son corps n'avait toujours pas été retrouvé et les recherches continuaient.
Echo du pays Messin, 1er mars 1849 - page 3.

1850 : Décret n° 3267. Jean Bouvin peut maintenir son activité au moulin.

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

Le Moulin de Bazoncourt est mentionné dans le fichier lié au sieur Bouvin, qui en est le propriétaire. Le document fait référence à un décret républicain impliquant des droits ou des actions administratives en rapport avec le moulin. Il s'agit probablement d'une affaire de régulation, de concession ou de transaction liée aux activités de ce moulin. "autorisent le sieur Bouvin, à conserver son moulin, commune de Bazoncourt (Moselle);
Décret n° 3267 contre-signés par le ministre des travaux publics.

1850 : Première tentative de vente par Jean Bouvin.

Moulin de Bazoncourt Ă  vendre ou Ă  loueri

Jean Bouvin souhaite vendre ou louer le Moulin. Il dispose depuis 1847 de deux roues (tournants).
Courrier de la Moselle du 19 mars 1850.

1852 : Vente aux enchères du Moulin de Bazoncourt et dépendances

le samedi 2 octobre, à midi, en l'étude et par le ministère de Me Berga, Notaire à Metz, il sera procédé à la vente par adjudication d'un MOULIN À FARINE, jardin et prés en dépendant, situé sur la Nied française, territoire de Bazoncourt, canton de Pange, et d'une Maison de ferme, située au village de Bazoncourt.
Echo du pays Messin, 26 septembre 1852.

1854 : Procès-verbal de recoltement de travaux.

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

le 23 octobre 1851
Procès-verbal vérifie que les travaux ont été correctement exécutés. Texte à transcrire..... doc. archives

1854 : Troisième tentative de vente par Jean Bouvin.

Moulin de Bazoncourt Ă  vendre

Après deux ventes sans succès, Jean Bouvin tente pour la troisième fois de vendre la propriété. Il met en avant la situation du moulin près de la route départementale et de la voie ferrée, ainsi que les 2,70 hectares de prés qui y sont rattachés, pour un revenu annuel annoncé de 1 100 francs.
La vente est confiée à Me Berga, notaire à Metz.
Courrier de la Moselle du 25 juillet 1854 - page 4

1856 : Procès-verbal de recoltement de travaux suite

Propriétaire ~1820 à 1856 : Jean Bouvin né le 10 novembre 1785 à Marly, décédé le 18 décembre 1868 à Bazoncourt
Épouse : Elisabeth GRIMAR née le 7 février 1792 à Sillegny, décédée le 27 octobre 1870 à Bazoncourt

le 8 mars 1856
Envoi du procès-verbal ... Texte à transcrire..... doc. archives

1857

Propriétaire de 1857 à 1893 : Francois POINSIGNON (né le 22 août 1814 à Créhange, décédé le 7 avril 1901 à Rémilly)
Épouse Barbe BAUDELET (née le 7 juin 1816 à Delme, décédée le 4 mars 1896 à Rémilly)

Meunier de ~1857 à 1863 : Léon RESVE (2 février 1828 à Meulan en Île-De-France - 2 décembre 1863 à Bazoncourt)

Épouse : Eulalie Alexandrine MONTALAND (16 janv. 1822 à Le Mesnil-Amelot - 21 avr. 1871 à Meaux)

Le nouveau propriétaire fait différentes modifications à son usine, qui est estimée à 20 000 francs en 1960.
D'après l'acte de décès de Léon RESVE, il était le voisin de François Poinsignon

1861 : Plainte du maire M. Masson Ă  l'encontre de F. Poinsignon

Propriétaire de 1857 à 1893 : Francois POINSIGNON (né le 22 août 1814 à Créhange, décédé le 7 avril 1901 à Rémilly)
Épouse Barbe BAUDELET (née le 7 juin 1816 à Delme, décédée le 4 mars 1896 à Rémilly)

Meunier de ~1857 à 1863 : Léon RESVE (2 février 1828 à Meulan en Île-De-France - 2 décembre 1863 à Bazoncourt)

Épouse : Eulalie Alexandrine MONTALAND (16 janv. 1822 à Le Mesnil-Amelot - 21 avr. 1871 à Meaux)

Copie d'une plainte envoyée par le maire de Bazoncourt au préfet de la Moselle en date du 31 octobre 1861. Cette plainte concerne les dommages causés par un remblai en terre construit par François Poinsignon, propriétaire du Moulin de Bazoncourt. Ce remblai, d'une hauteur de soixante centimètres et s'étendant sur plus de deux cents mètres, a été érigé pour protéger un chemin menant du moulin au village de Lemud contre les crues de la rivière Nied. Cependant, le maire craint que ce remblai ne cause un débordement des eaux sur les prés de Bazoncourt, particulièrement en période de récolte, provoquant des dégâts. Il demande au préfet d'examiner la légalité des travaux et, si nécessaire, d'exiger la suppression du remblai pour restaurer l'ancien niveau du bord de la rivière.
ADM 16 AL 360 - dossier 1 (5 Mo)

1861 : Accident tragique au moulin - Décès de François Nicolas Poinsignon

Un accident tragique frappe le Moulin de Bazoncourt le 25 mars 1861. François Nicolas Poinsignon, le fils du propriétaire François Poinsignon, âgé de 18 ans, "a été pris dans un engrenage et a succombé sur-le-champ". Cette nouvelle illustre cruellement les dangers omniprésents dans les moulins de l'époque, où les mécanismes en mouvement représentaient un risque mortel constant.

François Nicolas était né le 13 août 1842 à Créhange. Cet accident survient alors que sa famille traverse déjà des épreuves, ayant perdu son frère Christophe en mars 1860 et son autre frère Félix en avril 1849. Jean Pierre Rémy, qui résidait au moulin et exerçait les fonctions d'instituteur et de meunier, était probablement présent lors de cet accident et a servi de témoin lors de la déclaration de décès.

Cette tragédie met en lumière les conditions de travail périlleuses dans les moulins du XIXe siècle, où un moment d'inattention pouvait coûter la vie. Les accidents d'engrenage étaient malheureusement fréquents dans les installations mécaniques de l'époque, faute de protections adéquates autour des mécanismes en rotation. Cet événement dramatique a certainement marqué profondément François Poinsignon et son épouse Barbe Baudelet, déjà éprouvés par la perte de plusieurs de leurs enfants.

Sources : Le Vœu national, écho du pays messin, édition du dimanche 7 avril 1861, fascicule n° 2104

1864 : Enchères au Moulin après le décès du propriétaire Léon Resve

Propriétaire de 1857 à 1893 : Francois POINSIGNON (né le 22 août 1814 à Créhange, décédé le 7 avril 1901 à Rémilly)
Épouse Barbe BAUDELET (née le 7 juin 1816 à Delme, décédée le 4 mars 1896 à Rémilly)

Meunier de ~1857 à 1863 : Léon RESVE (2 février 1828 à Meulan en Île-De-France - 2 décembre 1863 à Bazoncourt)

Épouse : Eulalie Alexandrine MONTALAND (16 janv. 1822 à Le Mesnil-Amelot - 21 avr. 1871 à Meaux)

Vente train de meunier

D'après son acte de décès, Léon RESVE qui exerçait le métier de marchand grainetier était le voisin de François Poinsignon qui lui était rentier et propriétaire d'un moulin à Sainte Croix en 1860. Suite au décès de son marie, Eulalie Alexandrine MONTALAND fait appel à Maitre Petitmangin, huissier à Rémilly, pour vendre l'ensemble du matériel de la meunerie. Celui-ci passe une annonce le 14 février 1864 dans le "Moniteur de Moselle". E. MONTALAND quittera la région pour la Seine-et-Marne dont elle est originaire.

Etude de Me Joseph Petitmangin, huissier à Rémilly.
VENTE D'UN TRAIN DE MEUNIER pour cause de cessation définitive d'exploitation.

Au Moulin de Bazoncourt, canton de Pange. Jeudi prochain 18 février 1864, à onze heures du matin, au Moulin de Bazoncourt, il sera, par le ministère de J. Petitmangin, huissier à Rémilly, procédé à la vente aux enchères publiques du train de meunier et autres objets mobiliers appartenant à Mme veuve Léon Resve, meunière audit lieu, consistant en :
Quatre forts chevaux de trait, parmi lesquels deux juments pleines, deux porcs à la graisse, deux autres porcs maigres,, deux voilures à jantes larges, deux autres voitures à jantes étroites, un tombereau, une charrue, herses, harnais, chaînes, échelles, balances, bignions, deux bascules dites Romaines avec leurs poids, batterie de cuisine, bois de lit, tables, chaises, bois de chauffage, fourneau avec ses marmites ; 5 000 kilogrammes de foin, 2 000 kilogrammes de regain, blé, avoine, orge, pois, ferveroles, sacs à farine et autres objets dépendant d'un train de meunier.
A crédit, jusqu'au 11 novembre 1864, pour les personnes connues et solvables.

Moniteur de la Moselle - 14 février 1864

1874-1878 : Adolphe THIRIET, meunier Ă  Bazoncourt

Meunier de 1874 à 1878 : Adolphe THIRIET (né le 4 juin 1856 à Pontpierre, décédé le 9 mai 1897 à Metz)

Épouse : Anne Catherine GRANDJEAN (mariés en décembre 1885 à Metz)

Adolphe Thiriet exerce le métier de meunier au Moulin de Bazoncourt pendant plusieurs années dans les années 1870, comme l'atteste un document d'état civil de Metz mentionnant "Adolphe-Thiriet, meunier à Bazoncourt". Né à Pontpierre en 1856, il appartient à une famille touchée par plusieurs tragédies familiales précoces : il perd son frère Joseph Félix en 1865 à l'âge de 8 ans, sa sœur Marguerite Sabine en 1870, puis sa mère Marie Catherine Peltier la même année.

Son père Jean Léger Thiriet, journalier, se remarie en 1872 avec Clémentine Elisabeth Bir. Adolphe épousera plus tard Anne Catherine Grandjean en décembre 1885 à Metz, avant de décéder prématurément en 1897 à l'âge de 40 ans seulement.

Sa période d'activité au moulin s'inscrit dans la continuité de l'exploitation après le départ d'Eulalie Alexandrine Montaland (veuve de Léon Resve) et précède l'arrivée de François Rapp vers 1880. Adolphe Thiriet représente une génération de meuniers issus de familles modestes qui ont trouvé dans cette profession un moyen d'ascension sociale, malgré les épreuves personnelles qui marquaient souvent les destins de l'époque.

Sources : État-civil de Metz - Publications de mariages du 14 au 19 décembre 1885, Arbre généalogique Geneanet rbehra

1880 : Demande de réfection du déversoir par François RAPP

Propriétaire de 1857 à 1893 : Francois POINSIGNON (né le 22 août 1814 à Créhange, décédé le 7 avril 1901 à Rémilly)
Épouse Barbe BAUDELET (née le 7 juin 1816 à Delme, décédée le 4 mars 1896 à Rémilly)

Meunier de 1880 à 1895 : François RAPP

Léon RESVE étant mort en 1863, François RAPP lui a certainement succédé après 1864, mais sans certitude. Son nom apparaît pour la première fois le 23 juin 1880 pour la réparation du couronnement de pierre du déversoir. Le même jour, une autre demande est faite pour rétablir les écluses. Il semblerait qu'à cette époque, une écluse était présente au niveau du déversoir, probablement pour réguler le niveau.

Croquis côté des écluses en 1880

Croquis côté des écluses en 1880

Ce document est un croquis technique annoté, réalisé par un ingénieur ou un technicien hydraulique. Il représente une structure d'écluse liée à la régulation de l'eau au niveau.
Les annotations rédigées à la main autour du schéma donnent des indications précieuses sur la fonction du dispositif. En haut à gauche, on peut lire une note indiquant qu'il s'agit du profil droit de l'écluse mesuré au niveau de l'eau à 2,205 mètres. À droite du schéma, une mention signale l'ajout récent d'une troisième planche de vanne, d'une hauteur de 1,75 mètre. En bas du document, une phrase indique que l'ordonnance ministérielle de juillet 1844 avait fixé un niveau réglementaire à 2,198 mètres. Une autre note datée du 19 juillet 1880 précise que le niveau observé ce jour-là était de 2,197 mètres, soit 8,3 centimètres en dessous du seuil attendu. Ces éléments montrent que le document constitue un relevé de contrôle destiné à vérifier la conformité des installations hydrauliques à la réglementation en vigueur, notamment en matière de hauteur d'eau et d'entretien des planches de retenue.

Plan de masse du projet de d'écluses

Le 16 septembre, il est autorisé à effectuer les réparations dans la mesure où elles n'affectent pas le "régime" d'eau. Il doit respecter le décret réglementaire du 18 mai 1850, prévoyant une longueur libre de 10 mètres. La hauteur de la retenue sera déterminée par le point zéro du repère définitif placé à 83 cm en contrebas de la plaque en fonte sur la face nord du bâtiment, indiquant le niveau de crue du 28 février 1844.

La hauteur réglementaire des ouvrages hydrauliques est ainsi fixée :

  • Repère provisoire, niveau des hautes eaux (annĂ©e 1844) : 10,00
  • Point zĂ©ro du repère dĂ©finitif du moulin : 9,17
  • Couronnement du dĂ©versoir : 9,17

Les travaux doivent être exécutés dans les 6 mois. Les travaux n'ayant pas été effectués en août 1881, un délai supplémentaire de 6 semaines est accordé.
ADM 16 AL 3564 - Moulins_et_usines (5 Mo) - ADM 16 AL 360 - dossier 1 (5 Mo)

1881 : Le moulin et la foudre : quand Jupiter fait tourner la roue du destin

Foudre au moulin de Sanry - 1881

Un violent orage s'abat sur la vallée, frappant de plein fouet le Moulin de Sanry. François Rapp, meunier au Moulin de Bazoncourt, voit débarquer trois travailleurs cherchant un abri, paniqués par l'orage. Pour les rassurer, il leur propose une bouteille de vin, que tout le monde accepte avec soulagement. Mais alors que François s'apprête à servir, la foudre frappe à nouveau, traversant le moulin de part en part. La bouteille se renverse, le cabri du moulin est foudroyé sur place, et les quatre hommes se retrouvent à terre, tremblants de frayeur. La foudre, elle, semble même leur avoir coiffé les cheveux "à l'électrique" et laissé tout le monde hébété. Finalement, plus de vin, un cabri grillé et une nuit de panique... il ne restait plus qu'à attendre que l'orage s'éloigne, le tout dans une odeur de soufre et de fumée.

METZ. - On écrit des bords de la Nied à la Gazette de Lorraine :

Mercredi soir, le verdoyant vallon qui sépare Sanry-sur-Nied de Bazoncourt se trouvait en plein sous l'empire de Jupiter tonnant. C'était comme un champ de bataille atmosphérique. Plusieurs nuages rapprochés se heurtaient violemment l'un contre l'autre. Des éclairs incessants, à jets rapides et brisés, fendaient les nues ; et le tonnerre, y mêlant son jeu, donnait coup sur coup, à travers un roulement sans relâche, des éclats de sa voix foudroyante. On s'attendait à un désastre d'orage ou de grêle. Il n'en fut presque rien. Mais la foudre, en tombant en plein sur des frênes voisins, laissa sur plusieurs points des traces effrayantes et capricieuses de son souffle endiablé. À l'entrée de Bazoncourt, par la route de Nauzemont, à deux pas de la maison Schang, épicier, qui en frémit encore, la foudre fendit et déchira net, avec un fracas épouvantable, un énorme peuplier dont il éparpilla au loin les mille éclats, pour s'engouffrer ensuite dans un trou béant à ses pieds. On apprenait, en même temps, qu'un accident analogue venait d'avoir lieu sur la guérite du passage à niveau du chemin de fer, à Sanry, où se trouvaient alors réfugiés le gardien Georges et deux terrassiers. Ces pauvres diables, en effet, s'affaissant sous la secousse électrique, se croyaient foudroyés, perdus sans retour. Heureusement, le fluide s'était accroché au fil télégraphique, qu'il mit en grande vibration et qu'il suivit, prenant, paraît-il, la direction de Berlin.

Mais la scène, à coup sûr, la plus émouvante, se passa au moulin de Sanry. Là , fuyant le sinistre, trois piocheurs de pommes de terre étaient accourus chercher un abri. Le bon meunier Rapp, pour les raffermir, leur proposa tout de suite une bouteille de vin, ce qui fut accepté naturellement. Rapp tenait en main la dive bouteille et s'apprêtait à verser, lorsque, soudain, secoué par une commotion irrésistible, il tomba à la renverse, et un craquement épouvantable ébranla toute la maison. C'était à n'y plus tenir. La meunière et les trois camarades tombent à genoux, tout prêts à réciter leur dernier Confiteor. La foudre venait de traverser, de part en part, le moulin, sans y occasionner toutefois d'autre malheur que la perte d'un cabri, étendu mort et les poils tout grillés. Le meunier avait fini par se relever sain et sauf, mais plus mort que vif. La bouteille avait disparu comme la foudre, mais alors personne n'avait plus soif. Le calme s'étant un peu rétabli dans les têtes et au firmament, on s'aperçut, à travers une forte odeur de soufre brûlé et d'une épaisse fumée bleuâtre, que trois arbres énormes, plantés à l'angle du moulin, n'offraient plus que des cadavres dénudés de leur chevelure, déchirés en mille éclats lancés tout autour et moulus comme de la charpie.

Gebweiler Kreisblatt / Journal de l'arrondissement de Guebwiller - 19 juin 1881

1883 : Incendie à Lemud : la maison de M. Sibille détruite malgré l'aide des villages voisins

Article incendie

Dans la nuit du 3 mars, un incendie a ravagé la maison de M. Auguste Sibille, charron à Lemud. Malgré l'intervention rapide des pompes de Lemud et de Bazoncourt, attisées par le vent, la paille et les vieux bois, les flammes ont tout détruit. L'assurance, faible, ne couvrira qu'une partie des pertes. Les habitants de plusieurs communes voisines, dont Ancerville, Aube et Sanry-sur-Nied, sont venus prêter main-forte malgré le froid intense.

Gazette de Lorraine - mercredi 7 amrs 1883 - page 3

1884 : Deux tragédies sur la Nied : noyade accidentelle d'une enfant et suicide du meunier de Sanry.

Noyade accidentelle de Victorine Kervelle

Le jeudi 26 juin 1884, deux drames se sont déroulés presque coup sur coup sur les bords de la Nied, à proximité des moulins de Bazoncourt et de Sanry-sur-Nied.
En début de soirée, près du Moulin de Bazoncourt, des enfants appellent à l'aide : leur sœur, Victorine Kervelle, 10 ans, fille du garde-barrière, vient de tomber à l'eau en lavant du linge sur une planche instable. Malgré l'intervention rapide de Félix Rap, fils du meunier, muni d'un croc et d'un filet, la fillette est repêchée sans vie.
Peu après, au moulin de Sanry-sur-Nied, Jean Rap, meunier et frère aîné de Félix, se jette volontairement dans la rivière, échappant aux tentatives de sa femme et de ses domestiques pour le retenir. L'article attribue ce geste au fléau de l'alcoolisme, décrivant ses effets destructeurs et plaidant pour des mesures de limitation de sa consommation.

Gazette de Lorraine - page 2 - vendredi 30 juin 1884

1885 : Informations démographiques, y compris des détails sur la population résidente.

données démographiques du Moulin de Bazoncourt en 1885

Le 1er décembre 1885, le Moulin est mentionné sous le nom de "Moulin-de-Bazoncourt, dans le canton de Pange, dans le Landkreis Metz (région administrative de Metz). Le tableau présente des informations démographiques du 1er décembre 1885 et recense 7 personnes de confession catholique dont 4 hommes et 3 femmes. Francois POINSIGNON, son épouse Barbe BAUDELET, François RAPP, son épouse Catherine BOHN et leurs enfants.

Das 1885-ortschafts_verzeichniss_von_elsass-othringen - page 121

1885—1886 : Conflit sur le rehaussement du chemin.

François Poinsignon, entreprend des travaux de surélévation du chemin reliant Lemud au moulin. Ces travaux obstruent un exutoire essentiel au débordement des eaux de crue de la Nied, situé à proximité de la rampe ferroviaire. Cela provoque une augmentation du risque d'inondation des prairies situées en contrebas, sur l'autre rive.

Décision du 26 octobre 1885

  1. Franz Poinsignon doit rétablir l'état initial du chemin dans un délai d'un mois ou solliciter une autorisation officielle de surélévation.
  2. En l'absence de demande, un procès-verbal sera dressé par l'ingénieur en présence des autorités locales, et la digue sera détruite aux frais du contrevenant.
  3. La mise en œuvre est confiée au directeur de district, à l'ingénieur en chef des eaux et forêts de Metz, et au maire de Bazoncourt.

Signé à Metz, le 26 octobre 1885 Le Président de district : S.V. (n° II 4538) Exécution et conformité (mai 1886)

Le 6 mai 1886, un procès-verbal est établi à Bazoncourt. Il y est constaté que Franz Poinsignon a bien rétabli l'état antérieur du chemin.

Le document est signé par : Le maire de Bazoncourt : Gandar et l'inspecteur des prairies
Le 10 mai 1886, le directeur des améliorations rurales (Freiherr von Richthofen) propose l'approbation. Celle-ci est validée le 13 mai 1886 par le président de Lorraine Hasse.

Ce dossier illustre l'impact local des décisions hydrauliques liées à l'activité meunière, les tensions entre droit d'usage privé et régulation publique des crues, ainsi que l'autorité administrative exercée au niveau départemental dans l'Alsace-Moselle allemande de la fin du XIXe siècle.

ADM 16 AL 568 - réhaussement du chemin - 1885

1887 : Avis militaire concernant Félix Rapp

Meunier de 1880 à 1895 : François RAPP

Avis militaire Félix Rapp 1887

Gazette de Lorraine du 17 avril 1887.

Un avis officiel publié dans la Gazette de Lorraine du 17 avril 1887 confirme la présence de Félix Rapp à Bazoncourt. Cet avis de la commission de recrutement de l'arrondissement de Metz-campagne indique que Félix Rapp, soldat de la réserve domicilié à Bazoncourt, a été "rangé derrière la dernière classe de la réserve".

Cette mention administrative confirme officiellement que Félix Rapp résidait bien au Moulin de Bazoncourt en 1887, au milieu de sa période d'activité comme meunier. Il s'agit d'un témoignage précieux de la vie civile et militaire de l'époque, où les obligations militaires suivaient les citoyens même dans l'exercice de leur profession.

Le document, signé par Sittel, président civil de la commission de recrutement, illustre également l'organisation administrative prussienne en Alsace-Lorraine annexée, où les autorités allemandes géraient les obligations militaires des populations locales.

Sources : Gazette de Lorraine du 17 avril 1887 - page 1

1888 : Les déboires du Moulin de Bazoncourt à travers des enchères historiques

Le 24 avril 1888 marque une vente aux enchères significative pour la région de Rollingen (Rémilly), mettant en évidence les difficultés financières et les transitions de propriété locales. À cette date, sous l'autorité d'une ordonnance d'exécution forcée émise par le tribunal cantonal de Metz, une propriété comprenant une maison et des terrains agricoles fut mise en vente. Cette procédure légale faisait suite à des dettes non réglées par les héritiers de Marguerite Lambert et souligne la rigueur des procédures judiciaires de l'époque pour récupérer les créances.
Parmi les débiteurs se trouvait François Leconte, employé comme domestique au Moulin de Bazoncourt, démontrant ainsi que les difficultés économiques ne touchaient pas seulement les propriétaires terriens mais également les travailleurs locaux. La vente aux enchères concernait également d'autres terrains dans le ban de Rollingen (Rémilly), indiquant que les impacts financiers s'étendaient au-delà des individus pour toucher également les structures agricoles de la région.
Cette période met en lumière non seulement les pratiques économiques de la fin du XIXe siècle mais aussi le rôle crucial du Moulin de Bazoncourt dans la vie de ses employés et dans l'économie locale, soulignant sa fonction centrale dans la communauté bien au-delà de la meunerie
Gazette de Lorraine - page 4 - vendredi 6 avril 1888

1894 : Réclamation pour dommages causés par le passage de troupes militaires.

Meunier de 1880 à 1895 : François RAPP

François Rapp, meunier à Bazoncourt, écrit pour signaler les dégâts causés à son moulin par les passages fréquents de troupes militaires sur les chemins et ponts autour de son domaine. Malgré des réparations régulières de sa part, les dommages augmentent chaque année, et il n'a reçu qu'une indemnité insuffisante de 180 francs. Il craint de devoir fermer son moulin si la situation persiste et demande l'intervention de l'administration pour restaurer les rives et assurer le passage sécurisé des troupes. Il espère une solution juste et durable.

Bazoncourt, le 11 septembre 1894
À Monsieur le Président de la Lorraine de Metz.
Monsieur le Président,
Le soussigné, Rapp François, meunier au Moulin de Bazoncourt, prend la respectueuse liberté de vous exposer que, d'après un arrêté présidentiel en date du 5 août dernier, dont il ressort que le soussigné devrait enlever dans un délai de quatre semaines les terres qu'il aurait mises pour le redressement du chemin et de la rive gauche en amont du Moulin de Bazoncourt.
Or, ce petit redressement, qui était du reste de nulle valeur, a été enlevé de suite au printemps dernier, lors d'une première réquisition de l'administration, et le terrain remis dans son état primitif. De sorte que la rive droite de la Nied se trouve actuellement plus haute que la rive gauche en question.
Maintenant, il est impossible d'abaisser encore une fois cette rive gauche ainsi que le chemin longeant la Nied française, sans occasionner au soussigné de très grandes pertes.
Chaque année, les hautes eaux dégradent le chemin et creusent des trous profonds dans les rives de la Nied.
Or, si l'administration supérieure défend l'entretien du chemin ainsi que de remplir les excavations causées par les eaux dans la digue de la rive, le soussigné ne pourra plus passer avec ses voitures, et il serait obligé de fermer son moulin.
Tous les ans, pendant les grandes manœuvres, les troupes passent et repassent, et par ce chemin particulier, parfois six fois pendant la journée, avec de lourds voitures, berceaux et canons d'occasionnant au soussigné de grandes pertes, surtout aux quatre ponts en bois de son moulin. L'an dernier, le soussigné a réparé le pont en bois et a coûté 400 francs. Cette année, le petit pont a été totalement broyé par les passages de l'artillerie des troupes, et il va falloir le remettre à neuf, ce qui occasionnera encore une dépense d'environ 250 francs. D'un autre côté, le soussigné est sérieusement menacé de dommage par ces passages. S'il ne peut demander à restaurer, les troupes ne pourront plus passer sans qu'il y aurait de grandes difficultés à surmonter.
D'un autre côté, les contributions augmentent tous les ans, et l'on ne se demande de rien.
Le soussigné avait réclamé, par l'intermédiaire de la commune de Bazoncourt, à l'administration militaire une indemnité de 180 francs, tandis que les pertes réelles se devraient à plus de 500 francs, mais sans aucun résultat. À chaque passage de troupes, le moulin et tous ses biens sont endommagés.
Que faire et Ă  qui s'adresser ? VoilĂ  donc toute la situation.
En terminant, le soussigné envoie un don de soumission pour l'arrêté du 5 août 1894, et en exécution d'un don et l'obtention d'une enquête soit par Monsieur le Directeur de Connels, soit des troupes par le Président.
Dans cette attente, le soussigné a l'honneur d'être, Monsieur le Président, le plus humble et obéissant serviteur.
F. Rapp


Sources : ADM 16 AL 360 - dossier 2 (5 Mo)

1895 : Michel Félix RAPP reprend la meunerie après le décès de son père.

Meunier de 1895 à 1930 : Michel Félix RAPP (22 juillet 1859 à Réning - 17 avril 1930 à Bazoncourt)

Épouse : Catherine BOHN (24 avr. 1824 à Réning - 25 sept. 1894 à Bazoncourt)

1897 : Noyade d'un soldat bavarois.

Bazoncourt. On écrit au Lorrain, le 23 juin: «Un soldat bavarois, de la 9° compagnie du 4° régiment d'infanterie, employé momentanément au Moulin de Bazoncourt, était allé se baigner hier soir, malgré la défense de son patron, derrière le moulin, dans un endroit profond, et s'est noyé. On a recherché le corps toute la nuit, et c'est ce matin seulement qu'on est parvenu à le retirer.
Sources : Gazette de Lorraine - page 4 - 25 juin 1897

1901 : Acte héroïque d'Albert Humbert

Albert Humbert Heroism

Extrait : Le Messin du 15 janvier 1902.

Garçon meunier : Albert Humbert né le 17 septembre 1886 à Tragny

Albert Humbert, agé de 18 ans, garçon-meunier au Moulin de Bazoncourt, s'est illustré par un acte héroïque lorsqu'il a sauvé la vie de Mme Lemond pendant un incendie dévastateur. Son courage et son abnégation ont été largement reconnus et salués par la communauté locale. L'incident, qui aurait pu se terminer tragiquement, a mis en lumière le dévouement et la bravoure d'Albert Humbert face au danger imminent. Pour plus de détails sur cet événement, consultez l'article complet dans le journal
Sources : Le Messin du 15 janvier 1902.

1903 : Capture d'une loutre de 1,20m

Loutre de 1,20 m dans la Nied française

La gazette de Lorraine du 7 février 1903.

M. Félix Rapp, du Moulin de Bazoncourt qui se trouve à cheval sur la Nied française, à proximité de notre village, a eu la bonne fortune de capturer vendredi dernier une magnifique loutre. Quoique la bête carnivore fût prise dans un piège, il fallut quelque adresse pour en venir à bout. On sait que la loutre est très dangereuse pour les poissons, qu'elle s'en nourrit et qu'elle ne dédaigne pas non plus les autres animaux aquatiques. La bête capturée par M. Rapp mesurait 1 mètre 20 de long et avait un poids de 15 livres.
Sources : La gazette de Lorraine du 27 février 1903.

1909 : procès-verbal de révision administrative

procès-verbal de révision administrative

Es sind keine Arbeiter vorhanden, der Müller Rapp besorgt das ganze Geschäft allein.

En janvier 1909, l’autorité de police locale de Bazoncourt a rédigé un procès-verbal de révision concernant le moulin de Rapp Joseph Félix, à la fois propriétaire et exploitant de l’établissement. Ce type de contrôle était imposé par la législation allemande alors en vigueur en Moselle annexée, afin de vérifier la conformité des entreprises rurales et artisanales avec les prescriptions du Reich en matière de travail. L’inspection portait principalement sur la présence éventuelle d’ouvriers, en particulier de jeunes travailleurs ou d’enfants, la régularité des livrets de travail, la tenue des registres de paie et le respect des horaires et des pauses. Or, toutes les rubriques prévues à cet effet sont demeurées vierges. Une mention manuscrite y figure : « Il n’y a pas d’ouvriers, le meunier Rapp Joseph Félix assure seul l’ensemble de l’activité. » Le document conclut à l’absence de main-d’œuvre salariée et souligne le caractère strictement individuel de l’exploitation. Cette pièce illustre bien la situation du Moulin de Bazoncourt au début du XXᵉ siècle : un outil de production artisanal, fonctionnant sans employés permanents, où le meunier concentrait entre ses mains toutes les tâches, de la conduite du mécanisme à la gestion quotidienne.
Sources : ADM 8 AL 393 du 4 janvier 1909.

1910 : Crue exceptionnelle du 9 au 11 novembre

Plaque de crue 1910

Plaque de crue de 1910.

Plaque en fonte des hautes eaux de 1910, face de droite du bâtiment du moulin.
Transcription : HOCHWASSERSTAND / 9-11 november 1910

1917 : Basonhofener MĂĽhle

basonhofener-muehle

Alsacien-Lorrain de Paris du 8 juillet 1917.

Liste des changements de noms de communes et de lieux en Alsace-Lorraine en 1917, durant la Première Guerre mondiale. Ces nouveaux noms, souvent germanisés, étaient imposés par les autorités allemandes dans un effort de germanisation des territoires annexés. Le "Moulin de Bazoncourt" est renommé "Basonhofener-Muehle", reflétant la volonté de l'administration allemande de marquer son influence sur la région. Basonhofener Mühle est orthographié Basonhofener-muehle. C'est assez fréquent au début du XXe siècle ou en typographie allemande simplifiée (ü devient ue).
Sources : L'Alsacien-Lorrain de Paris du 8 juillet 1917

1918 : Mise en vente du moulin

basonhofener-muehle

Annonce de mise en vente du moulin le 11 mai 1918.

En 1918, un beau moulin dit le Moulin de Bazoncourt, accompagné d'environ 15 jours de pré (soit 5 hectares 26 ares), est mis en vente par Me Piquard, notaire à Courcelles-Chaussy. L'annonce insiste sur son emplacement très avantageux, son activité continue quelle que soit la saison, et la volonté de le céder avec toutes les facilités possibles pour séduire les acheteurs. La vente doit avoir lieu à l'étude du notaire le 11 mai 1918 à 11 heures du matin.
Sources : Affiches, annonces et avis divers de la ville de Metz du mardi 5 mai 1918 - page 11

1930 : décès de Félix Rapp

Avis de décès - Félix Rapp

Félix Rapp, meunier au Moulin de Bazoncourt, est décédé à l'âge de 71 ans le 17 avril 1930 à Bazoncourt, après avoir reçu les sacrements de l'Église. Ses proches (ses sœurs Cécile et Louise, son frère Joseph, ainsi que ses neveux et nièces) annoncent que la messe d'enterrement aura lieu le samedi 19 avril à 10h30 en l'église de Bazoncourt. Le présent avis tient lieu de faire-part.
Sources : Le Lorrain du 18 avril 1930 - page 2

1938 : La fièvre aphteuse touche le moulin

Fièvre aphteuse à Bazoncourt

L'article du 3 janvier 1938 indique qu'un arrêté préfectoral place plusieurs communes en zone d'interdiction ou d'observation en raison de la fièvre aphteuse.
Zone d'interdiction : comprend notamment Bazoncourt, ainsi que des villages voisins (Mécleuvés, Laquenexy, Gorze, etc.) et la ferme du Colombey (Coincy) ou des Petites Trappes (Woippy).
Zone d'observation : inclut entre autres le Moulin de Bazoncourt, des annexes de Bazoncourt, la ferme du Moulin de Sanry-sur-Nied, et d'autres localités autour de Metz.
Les restrictions concernent la sortie des bovins, ovins, caprins et porcins, sauf pour l'abattage dans un abattoir public avec autorisation vétérinaire. Il est également interdit de faire transiter ces animaux ou de les amener sur les foires et marchés depuis la zone. Des panneaux « Fièvre aphteuse – zone d'observation » doivent être installés aux entrées des communes concernées .
Sources : Le Messin du 3 janvier 1938 - page 3

1940 : date de fin d'exploitation

Le moulin cesse définitivement sa production de farine, marquant la fin d'une ère.

1945 : Vente par adjudication. Achat par Victor Viot

Propriétaire de 1945 à 1965 : Eugène Victor VIOT (29 novembre 1897 à Vergaville - 11 avril 1985 à Metz)

Épouse : Marie Joseph REY (30 mai 1901 à Bourdonnay - 6 octobre 1971 à Metz)

1946 : Assassinat de Michel Stojko

Raymond Pidolle et Michel Zafka

Pidolle à gauche, gracié par le Président
Zafka à droite, guillotiné

Michel Sztojko

Michel Sztojko

En 1946, le Moulin de Bazoncourt fût un lieu d'un crime atroce avec l'assassinat de Michel Stojko par Michel Zafka et Raymond Pidolle. Prémédité et brutal, le meurtre est exécuté en attachant une pierre au corps de la victime avant de le jeter dans la rivière Nied, pour masquer le crime. La découverte du corps plonge la communauté dans l'horreur, révélant la préméditation et la froideur des assassins. En 1948, après un procès qui captiva l'attention régionale, Michel Zafka est exécuté le jour de son 21e anniversaire, le 4 mars 1948, mettant en lumière la gravité des faits et la rigueur de la justice de l'époque. Cet événement tragique marque profondément le moulin et ses habitants, entraînant une fermeture temporaire du site. L'histoire du moulin, chargée de ce passé sombre, reste une page marquante de l'histoire locale, témoignant des impacts durables de la violence sur une petite communauté.
voir les articles : Le Messin du 02 sept. 1946, Le RL du 16 octobre 1946 - page 2, Le RL du 29 août 1946 - page 2 ou L'Est républicain
Autres sources 0 . 1 . 2 . 3 . 4 . 5 . 6 . 7 . 8

1947 : Dossier de dommage de guerre. Achat par Victor Viot

Propriétaire de 1945 à 1965 : Eugène Victor VIOT (29 novembre 1897 à Vergaville - 11 avril 1985 à Metz)

Épouse : Marie Joseph REY (30 mai 1901 à Bourdonnay - 6 octobre 1971 à Metz)

Plan de masse

Noter l'erreur sur le schéma, les directions Lemud et Bazoncourt sont inversées.

Ces documents sont liés aux dommages de guerre subis par la propriété et décrit minutieusement les coûts et les travaux nécessaires pour la restauration du bâtiment. Il a été réalisé le 16 février 1947 par H. Colombini, architecte agréé. Le document liste différentes parties de la structure, évalue les dommages et présente les coûts estimés pour chaque type de réparation, y compris la maçonnerie, la plâtrerie, la peinture, et la menuiserie.

1948 : Aquarelle du Moulin peinte par Eugène Burner

Aquarelle du Moulin de Bazoncourt peinte le 23 mai 1948

Aquarelle du Moulin de Bazoncourt - Eugène Burner (1948)

Eugène Burner, haut-rhinois né en 1895, était dessinateur industriel à la SNCF et artiste peintre. Il exposa à la Société nationale des Beaux-Arts et créa de nombreuses œuvres inspirées par l'Alsace et la Moselle.

Cette aquarelle, peinte le 23 mai 1948, représente le Moulin vu du côté ouest, probablement en bordure de chemin rive gauche de la Nied. La roue, d'environ 4 mètres de diamètre et 1 mètre de large, y apparaît imposante et l'eau est étonnamment haute pour un mois de mai, à moins que cela ne soit une interprétation de l'auteur.
À cette époque, les fenêtres ouest de la cuisine et du salon n'étaient pas encore présentes (un oubli ?), contrairement à l'ouverture située entre les deux fenêtres côté sud et la roue, aujourd'hui murée.
Un grand bâtiment, désormais disparu, se trouvait devant le Moulin, ce qui pourrait expliquer la quantité de pierres retrouvées au fond de la Nied.
Les Saules argentés de l'allée, déjà imposants, avaient probablement une cinquantaine d'années, tout comme les deux Peupliers trembles situés en arrière plan.

1949: Tragique noyade près du Moulin

Un jeune homme de Vaucremont, en se rendant dernièrement de cette commune à Lemud et passant près du Moulin de Bazoncourt est tombé dans la Nied et s'y est noyé. Ceci arrivait le mercredi des cendres (23 février 1949): le samedi suivant le cadavre n'était pas encore retrouvé et l'on continuait à fouiller la rivière.
Sources : Courrier de la Moselle, 1 mars 1849.

1950 : courrier demande de subvention

Attestation dommage de guerre

Victor Viot d'Aubécourt, exprime ses préoccupations dans une lettre datée du 25 avril 1950 adressée au Délégué de la Reconstruction. Il mentionne avoir soumis des factures acquittées au Bureau de la Reconstruction à Metz en août 1949 pour le Moulin de Bazoncourt, sans avoir reçu de réponse ni de fonds. Il indique que les travaux, commencés il y a près de trois ans, sont en pause faute de financement, mettant en péril les rénovations déjà effectuées. Deux familles attendent de pouvoir emménager. Victor rapporte également des problèmes avec un pont et deux vannes détruits en 1940 par les troupes françaises, causant des inondations dans la région et des dommages aux vergers. Il se plaint du manque de soutien et des critiques reçues de la part des riverains, et demande une intervention urgente du délégué.

1950 : Attestation dommage de guerre

Attestation dommage de guerre

Le 11 décembre 1950, H. Colombini, architecte assermenté basé à Metz, certifie avoir préparé un dossier de dommages de guerre pour Victor Viot concernant ses propriétés, y compris le Moulin de Bazoncourt. Il atteste que plusieurs structures, telles que la passerelle, l'écluse, et la roue à aubes, ont été complètement détruites. Colombini note également que puisque M. Viot n'a pas encore reçu de subvention pour ces parties totalement détruites, elles n'ont pas été reconstruites à ce jour.

1951 : Travaux sur les vannes du moulin et droit de pĂŞche

Le 12 avril 1951, M. Victor Viot d'Aubecourt, propriétaire du Moulin de Bazoncourt, informe l'ingénieur du Génie rural que les fonds pour remettre en état les vannes du barrage vont lui être versés. L'ingénieur demande à son collègue de Boulay de prendre contact avec le propriétaire pour lui rappeler que les travaux doivent être effectués conformément au règlement, et qu'un procès-verbal de récolement devra être établi à la fin. Il signale aussi qu'une question sur le droit de pêche sur les terrains riverains a été soulevée et qu'elle devra être réglée avec le syndicat compétent pour savoir s'il existe déjà un contrat avec une société de pêche.

1954 : Avis technique sur le projet de reconstruction des vannes

Le 26 juillet 1954, l'Ingénieur des Travaux ruraux de Boulay rend son avis sur le projet de reconstruction des vannes, du pont et des murs de rive du Moulin de Bazoncourt, élaboré par l'architecte M. Colombini. Il constate que le projet n'est pas conforme au règlement d'eau du 18 mai 1850 et aux arrêtés subséquents, notamment concernant les hauteurs réglementaires des vannes et du corbeau fixant le niveau légal de la retenue. Les cotes actuelles sont légèrement différentes, avec un corbeau placé 0,04 m trop haut. Les dimensions réglementaires des vannes principales et latérales sont rappelées. L'avis conclut qu'un léger remaniement du projet permettrait sa mise en conformité, tout en soulignant que les installations actuelles semblent favoriser les inondations et que le règlement d'eau présente certaines imperfections.

1954 : Recensement du 27 octobre 1954

Extrait du recensement de 1954, établi par l'INSEE pour la commune de Bazoncourt. Le formulaire recense tous les habitants vivant dans les logements ordinaires de la commune, en indiquant pour chacun : Le nom et prénom, lLa relation au chef de ménage, l'année de naissance, la nationalité et la profession.

4 personnes logent au moulin : VIOT Victor (1897), REY Marie, épouse (1901), VIOT Colette - fille (1925), PILLOT Marcelle - petite fille (1944).
Sources : ADM 63 W 12 - page 4

1963 : Victor Viot réside toujours au Moulin

matricule militaire n°713 - Classe 1917

D'après le registre de matricules militaire n° 713, Victor Viot résidait à "Moulin par Lemud" le 1er avril 1963"
Résumé du registre : Victor Viot, né le 30 octobre 1897 à Vergaville, département de la Moselle, a été réintégré de plein droit dans la nationalité française selon la Section V du traité de paix après la Seconde Guerre mondiale. D'après son feuillet matricule, il a été affecté à diverses unités militaires au cours de sa carrière, notamment au 26e P.I. en 1920, et a subi plusieurs mutations jusqu'à son affectation finale au C.M.IN. 204 en 1955.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il a été fait prisonnier à Saugres le 15 juin 1940 par les autorités allemandes et a été détenu jusqu'au 2 août 1940. Après plusieurs années de service et des périodes en captivité, il a été libéré de toutes obligations militaires le 15 février 1945.
Sources : Extrait du registre de matricules militaire - n° 713.

1965 : Donation à Colette Viot au décès de son père

Propriétaire de 1965 à 1985 : Colette Marie Jeanne Viot (née le 27 avril 1925 à Vergaville, décédée le 10 avril 2014 à Vandœuvre-lès-Nancy)

Époux : Paul Antoine Boime (17 juin 1929 né à Rémilly - décédé le 7 août 1988 à Metz)

1985 : Donation de C et RB Ă  leurs enfants

Propriétaire : M. B.

Époux : J. C. (1940-2022)

1988 : Achat de la moitié de la propriété par FM.

Propriétaire de 1988 à 1990 : F. M. (14 nov. 1959 - 9 mars 1990)

Plan d'aménagement

La propriété est divisée en deux parties. F. acquiert le terrain situé entre la rive droite du canal et la rive gauche de la Nied. Cette parcelle inclut la meunerie, les vestiges du hangar, l'île ainsi que l'allée de saules menant à Bazoncourt. L'acte de vente est officialisé le 30 mars 1988, par Maître SAAS à Rémilly.

Il entreprend divers aménagements extérieurs, notamment le rehaussement de la partie arrière du moulin, ainsi qu'un projet paysager (voir plan ci-contre). Ce projet comprend la plantation d'arbres soigneusement choisis : deux séquoias en bordure de propriété (près du déversoir et le long de l'allée de saules), ainsi que divers arbustes tels que des groseilliers et un forsythia. Le plan indique également la présence d'autres espèces réparties le long de la parcelle, dont des Taxus, des peupliers, des saules (Salix), des bouleaux (Betula) et un sapin Picea.

1991 : Achat de la partie rive droite du canal

Propriétaire depuis 1991 : S et DC

Achat le 8 mars 1991. Ils emménagent début novembre après huit mois de rénovations.

Depuis 2003, c'est aussi le siège social de l'association Ecopains d'abord et de son site internet Oiseaux.net

1992 : Achat de la partie rive gauche du canal

Propriétaire depuis 1992 : C. et LC

Ils emménagent ... 1992 rive gauche du canal.

1995 : Création du site Oiseaux.net

Le site Oiseaux.net a été créé en décembre 1995 sous le nom Les Oiseaux du Moulin, appellation qu'il conservera jusqu'en 2001. Pensé comme un espace collaboratif dédié à l'ornithologie, il s'est inspiré du modèle d'une encyclopédie participative. Depuis son lancement, le site a réuni plus de 450 contributeurs, principalement des photographes, épaulés par une équipe d'une dizaine de personnes pour la gestion éditoriale et la modération.

L'objectif fondamental du site est pédagogique : proposer au public des fiches détaillées sur les espèces, des articles comparatifs, et des outils interactifs comme un moteur de recherche multicritères ou un système de reconnaissance visuelle des oiseaux.

2003 : Création de l'association Écopains d'abord

L'association Écopains d'abord a été fondée en 2003 avec pour mission de promouvoir des actions écologiques, solidaires et citoyennes. Elle s'engage notamment dans la protection de l'environnement, la sensibilisation à la biodiversité et la transmission de pratiques respectueuses de la nature.

Forte d'un réseau de membres passionnés, l'association organise des animations pédagogiques, soutient des initiatives locales et favorise les échanges entre naturalistes amateurs, experts et grand public. Ses actions, ancrées dans la convivialité et l'entraide, contribuent à renforcer le lien entre l'humain et son environnement.

Le moulin aujourd'hui : renaissance d'un patrimoine

Aujourd'hui, le Moulin de Bazoncourt a trouvé une nouvelle vie comme résidence privée, préservant son architecture historique tout en s'adaptant aux besoins modernes. Les propriétaires actuels veillent à maintenir l'esprit du lieu, conservant les éléments patrimoniaux, les mécanismes de régulation hydraulique et l'architecture traditionnelle du bâtiment.

Le site continue à jouer un rôle dans la vie locale, notamment à travers les activités associatives qui y ont élu domicile.

Cette période contemporaine du Moulin de Bazoncourt illustre remarquablement la capacité d'adaptation des sites patrimoniaux aux évolutions de la société. Du système seigneurial à l'économie industrielle, puis à la société de services et de loisirs, le moulin a su traverser les siècles en conservant son identité tout en réinventant constamment sa fonction. Son histoire contemporaine témoigne de la richesse et de la complexité des transformations sociales, économiques et culturelles qui ont marqué la France rurale des deux derniers siècles.

Les défis actuels de préservation du patrimoine hydraulique, de gestion environnementale et de transmission de la mémoire locale trouvent dans l'exemple du Moulin de Bazoncourt un cas d'étude particulièrement riche, démontrant qu'il est possible de concilier respect du passé et adaptation au présent.